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Lire en Amerique Centrale

Par Abarguillet

Après deux étapes consacrées à la littérature caribéenne, nous nous dirigeons maintenant vers le continent pour faire une première escale dans ces petits pays qui constituent l’Amérique centrale. Si ces pays sont considérés comme petits de part leur superficie, ils n’en sont pas moins grands de par leur culture et notamment de par leur production littéraire. De nombreux écrivains nés dans ces états qui ont connu souvent la rébellion, la guerre civile et la pire des violences, ont dû choisir l’exil pour pouvoir témoigner des tristes conditions de vie que les populations devaient subir. Et, c’est cette littérature de la violence et de l’intolérable que nous accueillerons dans cette rubrique en recevant comme invité principal la grand écrivain salvadorien, né au Honduras, qui a connu l’exil au Canada, au Costa Rica, au Mexique, en Espagne et aux USA, Horacio Castellanos Moya avec son roman « L’homme en arme » qui évoque directement l’interpénétration entre les mouvements de guérilla et les trafics les plus divers. Ce tour d’horizon sera complété avec les Guatémaltèques Miguel Angel Asturias et Rodrigo Rey Rosa et enfin le Nicaraguayen Sergio Ramirez.

L’homme en arme

Horacio Castellanos Moya

Juan Alberto Garcia, surnommé Robocop par son entourage, a été formaté pour lutter contre les terroristes insurgés au Salvador dans les années quatre-vingt. Ses talents de combattants lui valent rapidement une réputation flatteuse au sein des escadrons de la mort où il devient un exterminateur d’élite. Mais, quand la paix survient, le prestigieux tueur perd son emploi et la raison d’exercer ses talents comme le Capitaine Conan de Roger Vercel a vu disparaître son champ d’action et d’honneur à la fin des hostilités. C’est alors un rapide glissement de la petite délinquance vers le trafic et enfin comme tueur à gages qui attend notre héros en mal d’argent et de sensations.

Dans ce très court roman, l’écrivain Honduro-salvadorien Horacio Castellanos-Moya montre la trajectoire de ces mercenaires qui ont perdu leur emploi à la fin des hostilités et qui sont allés grossir les rangs de ces milices au service de tous les trafics mais surtout de la cocaïne. Au-delà de la puérilité et de la bestialité des guerres intestines qui ravagent régulièrement ces petits états d’Amérique centrale, l’auteur a voulu montrer que l’idéologie était totalement absente de ces conflits, ou plutôt utilisée par les véritables instigateurs des révolutions que sont les trafiquants qui se disputent le monopole si lucratif des trafics illégaux en corrompant les dirigeants et en terrorisant les populations. « Il m’a expliqué les méthodes qu’ils avaient employées pour amadouer les populations et nettoyer la zone terroriste : chaque Kaibil devait violer et dépecer une fillette, puis boire son sang. »

Un livre efficace, sans aucune fioriture, sans aucun sentiment : la violence à l’état brut, l’épure de la bestialité où pour survivre le mercenaire devient un robot prêt à se vendre au plus offrant sans aucun état d’âme, en a-t-il une seulement ? Un sujet en or pour une production dont les Américains sont si friands !

Torotombo de Miguel Angel Asturias  ( 1899 - 1974 )

J’aurais aimé avoir une autre lecture à vous proposer pour évoquer le Prix Nobel de littérature guatémaltèque mais, je suis désolé, je ne l’ai lu que ce livre de ce grand auteur qui connu la France quand il était étudiant et, plus tard, ambassadeur et qui choisit même de se faire enterrer au cimetière du Père Lachaise à Paris. Toutefois, ce petit livre évoque bien le talent d’Asturias et sa révolte contre ceux qui exploite le peuple sans aucune vergogne et avec les méthodes les plus violentes.

L’ange boiteux de Rodrigo Rey Rosa  ( 1958 - ... )

Une bande de jeunes renforcée par quelques truands patentés décide d’enlever le fils d’un riche propriétaire pour obtenir une rançon mais l’affaire tourne au vinaigre quand le papa refuse de verser la rançon et que les truands emploient des méthodes de plus e, plus violente pour faire céder le père réfractaire. Et, c’est une longue glissade au-delà de la violence qui s’amorce, à l’image de ce que ces pays ont connu.

Le bal des masques de Sergio Ramirez  ( 1942 - ... )

Avant d’être écrivain, Sergio Ramirez a été vice-président du Nicaragua après la révolution sandisiniste. Dans ce roman, il dresse un tableau loufoque des mœurs d’un petit village nicaraguayen, en 1942, où pendant que le monde s’étripe joyeusement, les habitants étalent bouffonneries et concubinages dans une parodie de stalinisme et de nazisme assez irréelle.


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