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Cette semaine j'oublie l'anniversaire de mon fils et je transforme ma fille en dragqueen

Par Theclelescinqt

chapeau_Nina

Je vous avais promis de vous montrer les choses charmantes que l'on peut réaliser avec un pauvre feutre d'avant-guerre bouffé aux mites, et là en l'occurence quelques papillons en feutrine achetés chez Leclerc. Avouez que ma pauvre fille a bien de la chance! Bon, si elle veut s'en servir uniquement pour se déguiser, je ne lui en voudrai pas. D'ailleurs c'était ça l'idée.

Plus grave, mercredi, c'était le jour d'anniversaire de mon fils aîné, en vacances actuellement chez ses grands-parents avec le reste de nos petits gars, et..j'ai oublié. Bon, nous le lui avions fêté le week-end dernier, j'avais même trouvé pour lui un chouette cadeau chez Malinelle, un kit pour fabriquer des aimants, en sus de son livre puzzle sur l'Europe géographique trouvé chez Piccolia au Salon du livre.

Mais quand même, une mère qui oublie de téléphoner à son fils le jour de son anniversaire? Eh bien oui, c'est comme ça. A ma décharge je m'étais fait le jour même agresser verbalement (et limite physiquement!) dans le bus par...une femme enceinte, vraisemblablement schizophrène! Oui je sais, j'ai une vie de dingue. Une de mes amies, dont je vais bientôt vous présenter le joli blog bilingue franco-espagnol -le temps qu'elle écrive plus de deux (déjà bons) articles!- et moi-même, avec chacune notre drôlesse, avions décidé d'aller nous promener autour du parc de la Villette, assez vert, bien dégagé et sans danger pour les loupiots.

C'était sans compter sur le bus! Car le métro, il faut tout de même éviter, avec une poussette, à moins de finir les bras déformés à force de porter l'engin (il n'y a pas d'escalators partout!) La dernière fois que je l'ai pris, pour aller à l'autre bout de Paris, la foule était tellement dense que dans la cohue j'ai perdu une roue!

Donc, exit le métro avec poussette.

Reste le bus.

Au retour de notre sympathique balade, nous entendons tout à coup dans le micro : "Deux poussettes dépliées seulement sont autorisées dans le bus, merci de replier les autres!"

Et si trois mamans avec nouveaux-nés dormant dans leurs poussettes se trouvent dans le bus, que fait la troisième? Elle jette le morpion par la fenêtre?

Mais, bien que vous croyiez tous le contraire, vu le nombre de gros mots dont je suis capable d'émailler la plupart de mes propos écrits (alors imaginez à l'oral!), je suis une brave fille, et comme ma fille ne dormait pas et tient en général très bien sur ses deux jambes, j'ai replié ma poussette canne. Très bien. Un bon point pour Thècle LescinqT.

Malgré la foule assez dense, deux sièges se sont libérés près de nous. Comme ma fille se faisait porter depuis un moment parce que c'est une feignasse comme sa mère la promenade l'avait un peu fatiguée, je suis allée m'asseoir près de la fenêtre. Ma copine préférait rester tout près de la poussette dans laquelle sa fille dormait.

Arrive un couple assez jeune, le type l'air éperdu, la fille manifestement enceinte de trois mois, le visage chiffonné.

"Mais assieds-toi là!" disait-il en désignant la place à côté de moi, puisque je portais la petite.

"On peut pas! On peut pas!" s'écriait la nana de plus en plus fort, l'air très en colère. Puis tout à coup, elle éclata, sortit une carte d'invalidité à la cantonnade et se mit à invectiver le bon peuple. L'homme tentait de la calmer, lui tapotait la main et lui disait qu'il l'aimait.

Puis elle se mit à marmonner en me regardant fixement des malédictions, où je compris que nous aurions dû "avoir honte", que les gens allaient la laisser crever sur place avec sa maladie, jusqu'à ce que je lui montre la place (il y en avait d'autres) : "Mais...asseyez-vous !?"

Ceci eut le don de la rendre complètement furieuse; elle se mit à sortir de nouveau sa carte d'invalidité pour me l'agiter sous le nez en hurlant que je ne comprenais pas le français, que je n'arrêtais pas de l'énerver, enfin bref elle avait tous les symptômes de la malade mentale enceinte agressant une maman dans un bus parisien, chose quand même un tout petit peu surprenante, même dans une ville dépravée comme la capitale de la France.

Mais non, j'adore Paris.

Je n'ai pas réfléchi longtemps. J'ai soulevé ma fille - sous peine de me prendre sinon une mandale dans la figure - et suis partie rejoindre les pékins entassés debout un peu plus loin, ce qui m'a permis de continuer à papoter avec ma copine ainsi que de me détruire les bras que j'ai pourtant assez costauds car mon cinquantième régime n'a pas encore très bien marché.  

La pauvre future maman est restée debout comme un nain de jardin, dans sa travée, à côté de deux places vides. Puis ce drôle de couple est sorti. Je trouve que le type aurait pu s'excuser pour elle du dérangement (et à la planète d'avoir mise enceinte une schizophrène!)

Cette petite histoire a eu quand même un côté positif, c'est qu'un type du bus a immédiatement voulu me prêter main-forte, m'a demandé de loin "si tout allait bien", m'a dit ensuite que j'avais "bien fait" quand je suis partie et ensuite m'a immédiatement proposé la première place libre à côté de lui. Puis un autre jeune homme m'a aidée à sortir la poussette du bus. J'ai vraiment été contente, alors que je ne prends plus les transports en commun que quelques fois par an depuis que j'ai (autant) d'enfants, de constater l'existence d'une solidarité dont l'absence est bien souvent déplorée par la plupart des gens en pareil cas.

Mais j'ai passé le reste de l'après-midi à regarder mon agenda, jusqu'à ce que ma copine me demande si mes occupations de mère au foyer m'avaient fait rater mon rendez-vous avec un quelconque ministre.

Non, mais, ai-je été obligée de me dire quelques jours plus tard, c'est juste que c'était l'anniversaire de mon fils. Neuf ans! Ce n'est pas une paille quand même! Et vu le bulletin qu'il m'a rapporté récemment, je suis carrément inexcusable. Une vraie mère indigne.

Alors maintenant que j'ai zappé ça en regardant mon agenda, et que mon grand-père se retourne dans sa tombe en voyant mon zoli chapeau, je n'ai plus qu'à aller m'inscrire sur un forum pour les gens comme moi, ça me consolera peut-être, tiens, même s'il est tenu par une hippie pas commode. Ne pas faire état de mes goûts musicaux, et peut-être bénéficierai-je d'une niche écologique pour m'exprimer sur la blogosphère.

Ou pas.


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