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Le coeur cousu, Carole Martinez

Publié le 20 avril 2009 par Antigone

le_coeur_cousuheart "Ce qui n'a jamais été écrit est féminin"

Frasquita Carasco a reçu, à l'adolescence, et de sa mère, une boîte en bois magique qui la fit couturière et des prières qui la firent un peu sorcière.
Ses dons transmettent aux tissus qu'elle touche une vie particulière. Marié à un homme sans cervelle qui la joue un beau soir pour un combat de coq, elle partira sur les routes avec à sa suite ses filles et son garçon aux cheveux rouges. Fuyant toujours plus au sud, semant derrière elle l'amour et la folie des hommes, elle s'arrêtera finalement dans un village d'Afrique du Nord. Là, son talent de couturière et les sortilèges qui entourent sa famille, trouveront en la dernière née, Soledad, une narratrice, et la main de l'apaisement...

Têtue comme je peux l'être parfois, j'ai lutté bêtement dans les premières pages contre l'envoûtement de ce roman. Je suis quelquefois comme cela, décidée à ne pas me laisser avoir par un livre qui a déjà fait l'unanimité. Mais, peine perdue, ce récit là m'a prise par les sentiments, les émotions et tout le reste. Aucun risque d'y échapper.
Alors oui, Le coeur cousu est un conte dans tout ce que ce genre peut avoir d'irréaliste et de lyrique ; mais non, rien de trop ici, que de la féminité, des corps qui aiment, désirent et souffrent, et de la vie qui avance cahin-caha, sans fioritures ni enjolivements, dans la lutte. Ce livre fait battre le coeur et ne demande au lecteur qu'à se taire, devant tant de simplicité apparente dans le style et devant tant de délicatesse dans la broderie du texte.
Et puis, et puis, j'ai trouvé un peu de l'
Antigone de Bauchau dans l'errance de cette femme, ce qui me l'a rendue encore plus particulière...

Un extrait du cahier de Soledad...
"Il me faut t'écrire pour que tu disparaisses, pour que tout puisse se fondre au désert, pour que nous dormions enfin, immobiles et sereins, sans craindre de perdre de vue ta silhouette déchirée par le vent, le soleil et les pierres du chemin.
O mère, il me faut ramener des profondeurs un monde enseveli pour y glisser ton nom, ton visage, ton parfum, pour y perdre l'aiguille et oublier ce baiser, tant espéré, que jamais tu ne m'as donné !
Il me faut te tuer pour parvenir à mourir...enfin.
Mon lumineux cahier sera la grande fenêtre par où s'échapperont un à un les monstres qui nous hantent.
Au désert !"

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Note de lecture : 5/5

ISBN 978 2 07 078305 2 -23€ - 02/07

broderie

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