Comme le temps passe ! Je vous parlais, dans la précédente chronique, de mon activité sur France 2 et plus précisément de la rubrique « Sortir » que j’animais il y a dix ans, dans le journal de la nuit. J’étais alors libre de parler de ce que je voulais en matière culturelle.
Pour le premier numéro, j’avais choisi de faire le portrait d’un musicien dont j’ai toujours admiré le travail : Khalil Chahine. Non, il ne s’agit pas du fils de Youssef bien que les deux hommes aient un rapport très étroit à l’Egypte. L’Egypte, une référence que l’on trouve d’ailleurs dans Noun – à écouter l’interview ci-dessous -, dernier opus de ce musicien hors-pair – sorti il y a quinze jours -.
Autre actualité de Khalil Chahine : son concert, prévu le 12 mai au Duc des Lombards à Paris. Pour avoir assisté à une de ses performances scéniques, je vous recommande chaudement de réserver un billet. Le garçon se produit rarement, voilà donc une autre bonne raison de vous y rendre.
Ecouter Khalil Chahine c’est d’abord s’abandonner. Accepter d’ouvrir les barrières intérieures qui empêchent de voyager grâce à un univers musical très particulier. Car ici, comme dans les précédents opus, l’auditeur prend un billet pour les horizons lointains. Les sonorités évoquent l’Amérique du Sud, l’Afrique, le Proche-Orient. On y entend un enfant. On écoute un homme réciter un poème. Chahine nous prend par la main, en douceur, grâce à instantanées qui deviennent de véritables séquences vidéo.
Je ne découvre pas la force de cette musique avec Noun. Mais je suis toujours surpris de constater que ce grand musicien n’a jamais peur de prendre des sentiers de traverse. Il essaie et ça marche. On achève l’écoute de cet album ébahi. D’autant qu’un autre grand, David Linx, vient vous mouiller les yeux lorsqu’il interprète un majestueux et inoubliable « Promise ».
Si vous découvrez Khalil Chahine avec cet opus, il n’est certainement pas inutile de vous procurer les précédents, à commencer pas Bakhtus :
Opake, où l’on entend l’oncle de Khalil Chahine réciter là-aussi un poème :
Ou encore Hekma – les amateurs de David Linx seront ravis d’y entendre un autre morceau vertigineux :
Citons enfin Mektoub et Turkoise.
Bravo, vous aurez remarqué la présence de la lettre « K » dans ces titres. Avec « Noun » on oublie. Mais il reste l’essentiel : l’extraordinaire atmosphère musicale. Et cette audace prouve que l’on peut sa tailler une belle réputation artistique en refusant de céder à la facilité.
Maintenant, vous pouvez cliquer et écouter parler Khalil. On y apprend plein de choses aussi.