Sur la Normandie qui pleure des larmes de cire
une feuille de thuya s’est posée
qui tremble à tous les vents des ports déserts
Elle est pauvre
elle est jaune
elle est la sœur d’une dame aux yeux de sapinière
qui se tient à droite des pendus
la main sur le cœur
Un sourire large comme une goutte d’eau
flotte devant elle
et se perd dans la nuit
Émigrant des mille milles
à Jacques Vaché
Boulevard Sébastopol ou Wilhemstrasse
nos sœurs sont deux putains
L’annonce disait ou laissait dire
qu’à partir de vingt-sept ans on entendait mieux
Je n’ai pas le même âge que toi
et mon frère non plus
On voit que vous n’êtes pas de la partie
Qu’est-ce qu’un cancer
Qu’est-ce que le génie
C’est la même chose
et le caoutchouc aussi
mais dites-moi ce qu’est le caoutchouc
Benjamin Péret, Le grand jeu, Poésie/Gallimard, 1969 [1928, renouvelé 1959], p. 128 et 212.
Contribution de Tristan Hordé
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posté le 27 mars à 00:31
La réédition du recueil de Benjamin Péret Je ne mange pas de ce pain-là est disponible en librairie. Voir la présentation sur le site de l'Association des amis de Benjamin Péret: http://www.benjamin-peret.org/association/je-ne-mange-pas-de-ce-pain-la.html