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Union européenne et le terrorisme : Quand le Commissaire chargé de la sécurité se montre liberticide et imbécile en prônant une censure des mots sur Internet…

Publié le 11 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Commentaire RELATIO par Daniel RIOT:Faut-il censurer sur Internet et ailleurs le commissaire européen chargé de la justice et des affaires intérieures (donc d’une Europe malheureusement encore très virtuelle) quand il n’est pas seulement liberticide mais imbécile ?

Ce responsable de Forza Italia qui ferait sans doute fait une carrière encore plus brillante dans un pays où les mots « démocratie » et « liberté » seraient prohibés, est déjà, à son poste,  une provocation incarnée pour tous ceux qui estiment que Europe et Démocratie doivent être synonymes…

La justice, vue par un représentant de la droite extrême avec le masque du centre-droit, peut-elle être « juste » ? La sécurité définie par un responsable  de Forza Italia peut-elle engendrer une vraie « sûreté » ?

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Mais (c’est la loi de notre système par définition imparfait), ce monsieur   a été proposé à la Commission par un gouvernement italien légitime et accepté par un Parlement européen élu au suffrage universel…Il s’est vu confier ce « portefeuille » dont le nom est déjà un signe : dans son libellé, le mot liberté a été « oublié ».

Ce  berlusconien vient encore de briller en faisant une proposition qui est imbécile (puisque impossible à mettre en œuvre techniquement) et inutile mais qui est  surtout liberticide. La veille de la rencontre, aujourd’hui, entre des représentants du secteur Internet et des responsables de l'Union européenne lors d'un forum européen sur l'innovation et la recherche en matière de sécurité, le commissaire européen Franco Frattini a préconisé le blocage de certaines informations qui circulent sur Internet, concernant notamment la fabrication de bombes.

« J'ai la ferme intention d'entreprendre une étude avec le secteur privé (...) sur les moyens technologiques d'empêcher des gens d'utiliser et de chercher des mots dangereux comme 'bombe', 'tuer', 'génocide' ou 'terrorisme' », a expliqué, sans rire, Franco Frattini à l'agence Reuters. Cacher ces mots que je ne saurais entendre… Et surtout, allonger la liste des mots à proscrire, en fonction des circonstances, pourquoi pas ?

Internet est accusé de tenir aujourd'hui une place essentielle dans le dispositif des groupes clandestins armés, en leur permettant de partager des informations, de faire le lien entre activistes ou de diffuser de la propagande. « Donner des instructions pour fabriquer une bombe n'a rien à voir avec la liberté d'expression et la liberté d'informer les gens, a expliqué M. Frattini. Le bon équilibre, à mon avis, est de donner priorité aux droits absolus et au premier de tous, le droit à la vie. » C’est beau cela.

On fait la même chose pour lutter contre les spéculateurs financiers, contre les mafias, contre les réseaux de l’économie financière ? Les mots « doller », « euro », « taux d’intérêts », « compte » sont chargés de périls…Et sont piégés, comme tous les mots du dictionnaire

Du bon sens tout de même : Ce commissaire européen à la justice et à la sécurité ne prône pas l'interdiction des forums, des analyses, des informations historiques ou des opinions. Nous voilà rassurés.

Précision : fermer un site immédiatement n'est actuellement possible que dans quelques pays membres, dont l'Italie, a précisé M. Frattini. Le sujet fait cependant débat en Allemagne après l'arrestation la semaine dernière de trois hommes soupçonnés de préparer un attentat de grande ampleur. On ferme son site pour cause de crime contre l’image de l’Union ? Plaisanterie, bien sûr. Un espoir que les mesures  visant à lutter contre le terrorisme par l’Union soient conformes aux exhortations du Conseil de l’Europe : concilier sécurité et liberté !

Au fait, de nouvelles mesures anti-terroristes, il en faut encore, en dehors… de la constitution d’une vraie Europe de la Justice, de la sûreté et des libertés, donc d’une Europe politique qui s’impose ?  

On a plutôt l’impression que les politiques professionnels du « sécuritaire » par compassionnel populiste se croient obligés de « célébrer » « l’anniversaire du 11 septembre » par des mesures gadgets dont ils mesurent mal toutes les implications. Le 11 septembre, on devrait, (surtout  quand on est chargé de la sécurité au sein de la Commission européenne), se taire par respect des morts de tous les attentats. Et en signe de défaite. La guerre déclenchée par Ben Laden voilà six ans n’est toujours pas gagnée par les « démocraties » et toutes les mesures liberticides prises au nom du terrorisme…  « font le jeu des terroristes » comme dit justement le secrétaire général du Conseil de l’Europe. J’ose espérer que question orale à M.Frattini sera posée lors de la prochaine session du parlement européen… Même si les propos de Franco Frattini n'ont pas l'effet d'une bombe mais d'un pétard mouillé.

Daniel RIOT


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