Lorsque je fût invitée à assister à la vision-presse de Coco avantChanel, deux solutions se présentaient à moi, soit j'y allais avec des pieds de plomb, parce que Tautou et Poelvoorde, ne sont pas ma tasse de thé, et que les biopics peuvent s'avérer décevants si le sujet fait partie de sa propre culture, soit je n'y allais pas, parce qu'à force d'en avoir entendu parler depuis des mois, j'en avais la nausée.! J'ai choisi la première solution , mais pas convaincue pour autant! Et , j'ai été agréablement surprise! Loin d'être un chef-d'oeuvre Coco avant Chanel se laisse regarder avec plaisir. Tautou est Chanel, bien loin d'Amélie Poulain, et Poelvoorde loin de Poelvoorde. L'un comme l'autre délivrent une interprètation sans faille, bien entrés dans la peau de leurs illustres personnages....Cependant loin de vouloir n'être que le parfait mimétisme de Madame Chanel, même si à l'écran une ressemblance est toujours efficace, la comédienne est parvenue par le tranchant et la capacité de son jeu, à rendre sa vraie nature à Chanel. Présente dans pratiquement toutes les scènes, elle porte le film à bout de bras, sans pour autant éclipser ses partenaires, qui sont vraiment à la hauteur. Même s'il souffre de quelques longueurs, le film est un beau livre ouvert où l'on parcours avec délectation, chaque page d'un magasine de mode où les innovations sont légions. Chanel, mi-garçonne, mi femme démontre que toute sa vie, même si ici, le film ne se focalise que sur sa période "d'avant" les vêtements tiennent une très grande place dans sa vie,. Que ce soit de la première robe noire aux formes épurées et minimalistes, le polo marin, "emprunté" aux pêcheurs, et le fameux tailleur des années 50, que l'on voit dans la belle scène de fin dans la maison Cambon, toutes les plus belles créations sont épluchées avec soin par Catherine Leterrier la costumière qui à su recréer le monde féminin de Chanel de fort belle façon. Par exemple, lors de la fameuse scène du champ de course, lorsque Chanel porte pour la première fois son petit canotier en public, et sur la plage de Deauville, où le style déjà fort dépouillé de Chanel habillée avec des bouts de ficelles, inspirés par la mode masculine contraste très fort avec celle lourde et chargée des nanties, qui toutes arborent un "chou à la crème" sur la tête. Elle passe aisément du style androgyne avec ses vêtements créés en transformant les habits de Balsam. Aujourd'hui, le style garçonne est partout, mais à la fin de la Belle Epoque, les femmes étaient bien en chair et pulpeuses...Chanel, en allègeant les tenues, en créant des robes plus vaporeuses, en éliminant les corsets, illustre de manière incroyable la façon dont elle a inventé son style. Une rebelle que les conventions de l'époque empêchent de respirer, et qui s'habille avec les chemises de ses amants auxquelles elle fait "quelques" retouches.
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Une apprentie-courtisane au corps trop maigre, qui trouve refuge chez son protecteur Etienne Balsan, parmi les cocottes et les fêtards. Une amoureuse qui sait qu'elle ne sera " la femme de personne ", pas même celle de Boy Capel, l'homme qui pourtant l'aimait aussi. C'est l'histoire de Coco Chanel, qui incarna la femme moderne avant de l'inventer. Coco avant Chanel c'est c'est l'histoire, souvent le drame; de la femme seule, ses misères,sa grandeur, le combat inégal et passionnant qu'elle doit mener contre elle-même, contre les hommes, contre les séductions, les faiblesses et les dangers qui surgissent de nulle part.
Pour info, la Maison Chanel a accompagné le projet, surtout pour la scène finale, où il était hors de question de prendre une robe qui ne soit pas griffée Chanel. Le défilé de fin a été tourné chez Chanel, avec le célèbre escalier. Toutes les robes viennent du Conservatoire de CHANEL. Et karl Lagerfeld a collaboré avec la production de manière très naturelle. Le rôle interprété par Marie Gillain est un mélange de la vraie soeur de Chanel et d'Adrienne, sa tante, qui avait le même âge et la mêm ambition de s'en sortir. Emilienne, interprété par Emmanuelle Devos, s'inspire de la célèbre comédienne Gabrielle Dorziat et d'Emilienne d'Alençon, danseuse de cabaret et grande courtisane.
