Magazine Culture

Pollock et le Chamanisme

Publié le 23 avril 2009 par Matt

Sur les origines de l'art moderne : comment le chamanisme et la spiritualité influencent l'apparition de l'abastraction et du "dripping" chez Pollock.
Il y a schématiquement quatre grandes sources (au moins), quatre grands récits des origines de l'art moderne et de l'abstraction.
(i) Le Formalisme, c'est-à-dire le renoncement à la réprésentation des objets et à la figuration au profit de l''étude des formes pures, lignes et points disposés sur un plan : voir Mondrian.
(ii) Le Décorativisme, lorsque l'ornement devient si important et omniprésent qu'il finit par envahir le tableau (all over) et faire disparaître le sujet : voir Klimt.
(iii) L'imagerie scientifique, où comment la modélisation de l'atome, la figuration des vibrations sonores, la mise en graphique des ondes et des formes invisibles bouleversent la perception classique de la nature et influencent l'art moderne : voir Kupka.
(iv) Le Spiritualisme, c'est-à-dire le souhait de faire sentir et d'exprimer des forces sous-jacente à l'oeuvre dans la nature ou chez l'homme, que ce soit la présence du divin ou de l'inconscient agissant sous la surface des choses : voir Kandinsky, et l'influence sur sa peinture de l'art de l'icône et de la religiosité russe.
Ces 4 récits ne sont bien évidemment ni exclusifs les uns des autres, et la liste n'est pas exhaustive. L'exposition Pollock de la Pinacothèque de Paris illustre la quatrième filiation de l'art abstrait. Elle examine l'intérêt de Jackson Pollock pour la religiosité primitive des indiens d'amérique, et l'importance pour sa formation de l'exposition Indian Art of the United States organisée au MoMa en 1941.
Pollock et le Chamanisme
On y voit la proximité des thèmes (figuration de la violence, accouplement homme/femme, animaux, accès à des mondes parralèles par la danse, la transe, la musique) et l'importance des gestes rituels dans la généalogie de l'expressionnisme abstrait, des très grands formats et la technique du dripping, dont on trouve de magnifiques exemples en fin d'exposition.
Pollock et le Chamanisme
Comme toujours avec le commissaire Marc Restellini, le propos est passionnant (ici fondé sur les travaux de Stephen Polcari), maîtrisé, extrêmement didactique et finalement peut-être un peu plus "scolaire" que d'habitude, avec un léger déséquilibre en faveur de la prose des cimaises au détriment des oeuvres. On en sort plus instruit, mais peut-être pas aussi touché que d'habitude, hors quelques pièces fantastiques qui valent le détour et notamment celles d'André Masson, peintre surréalliste référence du peintre.
Jackson Pollock et le Chamanisme, à la Pinacothèque de Paris. Jusqu'au 15 février 2009
1) Jackson Pollock, Composition aux formes ovales, 1934-1938.
2) Jackson Pollock, Number 18, 1950

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Matt 22 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine