Magazine Culture

Guyotat #4

Publié le 23 avril 2009 par Menear
Le chaos quotidien de mes semaines actuelles me pousse à me replonger dans le chaos, textuel celui-là, des livres de Pierre Guyotat. J'ai repris Eden, Eden, Eden où je l'avais laissé, c'est à dire pas très loin, ce livre terrifiant qui commence par
Les soldats, casqués, jambes ouvertes, foulent, muscles retenus, les nouveau-nés emmaillotés dans les châles écarlates, violets : les bébés roulent hors des bras des femmes accroupies sur les tôles mitraillées des G.M.C.
Pierre Guyotat, Eden, Eden, Eden, L'imaginaire, P.15
et contre lequel, tout à l'heure, en montant dans mon train, je me laissais perdre à nouveau ; il me fallait vite brusquer ce chaos là devant mes yeux, lentement, lentement une page après l'autre, et laisser évacuer le trop plein de paroles noires qui m'envahissaient encore là tête. Dans ce texte il n'y a pas de paroles, simplement l'or brute des corps forcés. La chair, les muscles, le viol et le meurtre, cette violence-machine des jours subis me repose.
Hier le Carnet de bord, ici copié-collé d'une page, une seule page, une simple page, qui contient déjà presque trop. Ici, tout existe. Pourtant, sur le nombre de mots esquissés, combien se matérialiseront réellement ?
Un personnage, style Delon. Un acteur. Peut-être essayer de connaître Delon, son caractère ombrageux, sa manie des armes à feu. Il est commis charcutier, à la suite d'une brouille avec sa famille il s'engage en Indochine. Retour en France, sans un sou. Il voit qu'on le regarde partout -> acteur.
Odeur du lilas : odeur de peau de femme.
Après rêveries soldat et avant celle Illitien, scène avec le Général, chez le Cardinal. Prélude à une des grandes scènes finales. La fin commence peut-être ici. Deux garçons ou plusieurs, errant dans un pays dévasté (comme histoire Gilles).
Pédérastes dans les camps, corruption par un jeune garçon. / Les brassards, les distinctins (etc.) (jaune, vert, rose, paresseux, etc.). / Les Russes fusillés, torse nu, au mur, après visite médicale. Orifice dans le mur, balle dans le bulbe. Corps entremêlés. / Pour un bout de pain : prostitution.
Léonidas avait interdit de soigner les blessés au dos. / Saveur de lait : l'eau des poissons d'eau douce. / Les singes cachés dans les haies qui saisissent les bras des porteurs et coupent leurs mains d'un coup de dents.
Les bêtes, derniers esclaves.
Peur de ces gens de devoir qui ne « faibliront » jamais.
Donner nom au soldat qui rêve : Lallemand ou l'Allemand. / Livre plein de soldats rêveurs. / Donneur noms à tous les soldats (selon nationalité ou région). Le Loiret, le Vaucluse. Et reprendre les rêves avec les dominants de ceux-ci (anneau, Russes, etc., mouette amoureuse – esclavons), qu'on suive ces soldats. En somme que ce livre aille sur deux niveaux : le récit et le rêve, collectif (délire onirique superposé).
Les Tchétchènes. / Description d'un Eden (Fatu-Hiva, Maison du Jouir). Accouplements sur la plage rose, au crépuscule. Toute menace de vice, de sordide, de dégoût, de lassitude angoissée a disparu. Frissonnement des accouplés. Description d'une peuplade primitive, comme les Marquisiens (alcool interdit).
Pierre Guyotat, Carnets de bord volume 1, Lignes Manifeste, P. 129.
Fictif en fait. En réalité je cherche juste à fuir le moment où il me faudra recommencer L'odyssée barbare de Daniel Sada et potentiellement m'y perdre à nouveau. Aujourd'hui je ne pouvais pas.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Menear 147 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine