« Les rapidos » forment une série de billets qui, à défaut d'envie, de passion ou d'enthousiasme—même devant des œuvres de qualité—cherchent à dresser un bref portrait de quelques films dont les revendications intrinsèques ou le contexte de visionnage et/ou d'écriture n'appellent pas dans l'immédiat un développement subjectif plus conséquent.
Au programme :
- Wonder Woman
- L'Etrange Histoire de Benjamin Button
Le temps passe à l'envers - 02
Des “rapidos” par TWIN
Wonder Woman **
Un film de Lauren Montgomery (2009).
Voir la bande annonce ici.
Visionné en DVD Z1.
Nouveau film d'animation issu de la collection « DC Universe » et premier relatif coup dans l'eau après trois enchaînements pourtant sans accrocs, avec : Superman – Doomsday, Justice League – the New Frontier et Batman – Gotham Knight. On est au croisement du nanar cosmique (pas comme Supergirl quand même, hein !) et de l'œuvre foutrement ambitieuse, pensée à la figure d'une ample tragédie (le film s'ouvre d'ailleurs sur une fin de bataille démentielle) mais avec des touches d'humour très passéistes. Le parti pris est intéressant mais bizarrement fourvoyé : le design lorgne par exemple vers des lignes grecques droites et anguleuses mais les couleurs crient Sabrina – the Teenage Witch. J'avoue quand même que je ne suis pas forcément un grand fan du personnage à la base et qu'il y a sans doute une volonté d'approche old school très 50's (jusque dans l'animation humaine) pour ce qui est avant tout la narration des origines du personnage. Ca vaudra la peine d'y revenir une deuxième fois, pour confirmer ou infirmer mon sentiment. En l'état, je préfère, et de loin, la peinture de Wonder Woman que l'on a pu avoir dans la fabuleuse série animée Justice League.
Copie parfaite et mixage très démonstratif (VOstf). Commentaire audio et featurettes en bonus, dont une présentation du prochain film de la collection : Green Lantern, qui s'annonce tout simplement titanesque.
L'Etrange Histoire de Benjamin Button ****
Un film de David Fincher (2009).
Voir la bande annonce ici.
Visionné au Cinéma.
Il m'aura fallu plusieurs semaines avant de pouvoir émettre un avis critique raisonné sur cette œuvre. La passion à la sortie de la salle m'aura à la fois enflammé et fait haïr le film. Contempler l'image, pourtant douce, d'un bébé qui ferme les yeux pour la dernière fois a quelque chose de profondément triste. Quelque part, il rejoint, recroquevillé et endormi, la mère... Je n'avais jamais pleuré à chaudes larmes devant une image-symbole dans une salle de cinéma – et c'est arrivé. Dommage... En un sens, pourquoi ? Peut-être parce que l'œuvre a ceci d'étrange (c'est quand même annoncé dans le titre), voire de bizarre, qu'elle attire et révulse en même temps. Le parcours de son personnage-écran, qui prend la vie à rebrousse-poil, inverse les rapports humains et le point de vue sur la contemplation des époques, des lieux et du temps qui passe. Fincher est décidément un cinéaste précieux et, surtout, très intellectuel, transcendant ainsi l'un des meilleurs scénarios ayant circulé à Hollywood depuis de nombreuses années, sorte de façon sombre et subtile de Forrest Gump (du même auteur, les similitudes ne devront de fait pas choquer). Le point de vue est classique, héritier d'un cinéma de Douglas Sirk ou Frank Capra, un peu susurré de romantisme mais jamais appuyé par un pathos d'artificier. Le rapport à la construction du temps signé Fincher rejoint avec lenteur la complexité du rapport à l'espace établi dans Panic Room et la méticulosité de l'exactitude des repères de Zodiac. L'artiste est cohérent, il n'y a pas à en douter. L'inscription du contexte fait ici figure d'empreinte. En quelque films, depuis l'année dernière, le cinéma américain se transforme. Il sa rachète une identité et semble marquer une période importante de son histoire. Criterion a choisi d'intégrer l’Etrange Histoire de Benjamin Button à son catalogue pour la parution DVD, et c'est un signe qui ne trompe pas.
> Voir aussi la chronique de Vance.