A remarquer sur un linteau de fenêtre en rez-de-chaussée d'une façade de la Grande Rue de Corbigny (Nièvre), ce joli emblème de tailleurs de pierre datant du XVIIIe siècle. Sur trois niveaux les outils et instruments du métier se superposent : en chef, le niveau, en-dessous la truelle et le maillet, et enfin le compas et la règle entrecroisés. Ils sont tous liés par un ruban. Cette maison est supposée avoir abrité au XVIIIe siècle l'auberge où résidaient les Compagnons venus travailler sur le chantier voisin de la reconstruction de l'abbaye de Corbigny.
Un détail inhabituel attire l'attention et n'a pas manqué de susciter des interrogations quant à la présence dans le même lieu d'une confrérie de cordonniers : de part et d'autre du niveau sont figurées deux semelles de chaussure… C'est précisément ce détail qui me permet de dire qu'il s'agit d'un emblème de Compagnons tailleurs de pierre et non d'un emblème maçonnique, ce qui vu sa datation, aurait été possible.
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Il s'agit en fait d'une allusion à l'Ascension, fête patronale des Compagnons tailleurs de pierre. Selon toute probabilité, ces deux semelles renvoient en effet aux empreintes de pieds que selon une tradition immémoriale, le Christ aurait laissées sur le roc lors de son ascension céleste.
Pour preuve, cette gravure éditée en 1686 par la confrérie des Compagnons tailleurs de pierre parisien, établie dans l'église paroissiale Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.
On distingue bien, au centre de la scène, les deux empreintes laissées par les pieds du Christ.
Il serait intéressant à savoir si l'on dispose d'éléments documentaires fiables quant à la présence d'une auberge de Compagnons à cette adresse. Dans tous les cas, l'abbaye de Corbigny présente quelques éléments stéréotomiques intéressants et son chantier a nécessairement employé des Compagnons Passants ou Étrangers.