La campagne de promotion de Wolverine avait quelque chose de pas net. D'abord tout ce foin à propos du million de personnes ayant téléchargé illégalement le film après la mise à disposition d'une copie pirate (et même pas terminée) sur Internet. Puis cette fanfaronnade sur le thème « malgré la piraterie, nous ferons 80 millions de dollars en un week-end parce que tout le monde veut voir notre film ». Et enfin l'annonce, quelques jours avant la sortie internationale du film, de l'existence de 3 fins alternatives (d'une minute environ) réparties de façon aléatoire dans les salles. Bref, du flan, du flan et encore du flan, soit tout pour faire oublier qu'au centre de tout ça se cache un film, donc une oeuvre d'art, le fruit du travail passionné et réfléchi d'une armée de gens compétents et ravis d'être là.
Car X-men origins : Wolverine est sans doute l'un des pires spin-off jamais vus, rivalisant sans mal avec un Elektra déjà pas brillant. Si tous les blockbusters sont plus ou moins des planches à billets, Wolverine n'est que ça : une machine à fric, peu soucieuse des exigences des fanboys ou d'une quelconque dignité artistique. C'est se moquer du monde que d'offrir à la planète entière un film si pauvre en misant absolument tout sur l'immense capital sympathie emmagasiné par son héros en trois films et un énorme tas de comics. L'un des responsables se nomme Gavin Hood, qui risque de surfer encore longtemps sur la vague du scandaleux Oscar du film étranger reçu par Mon nom est Tsotsi. Sa courte filmographie - où figure également le douteux Détention secrète - est révélatrice du manque de cervelle du bonhomme, qui se cachait jusqu'ici derrière des sujets "sérieux" pour masquer sa condition de tacheron sans âme. En parfaite adéquation avec ses films précédents, Wolverine confirme qu'il est de ces réalisateurs n'ayant aucun esprit critique vis-à-vis des scénarii qu'on leur confie, bouffeurs de pellicule sans recul ni ambition. D'une platitude affligeante avec son côté mauvaise série B des années 70, la mise en scène ne fait que surligner chaque défaut d'écriture - et ils sont fort nombreux.
Le script de David Benioff (24 heures avant la nuit, puis plus rien) et Skip Woods (Hitman, ah oui quand même) est caractérisé par sa volonté d'injecter beaucoup de matière dans un long-métrage de moins de deux heures. Résultat : la grande majorité des personnages de cette belle galerie - Deadpool (Ryan Reynolds) ou le Blob - n'existe quasiment jamais à l'écran. C'est un film Panini : les héros et les situations ressemblent à des vignettes collées dans l'ordre dans le seul but d'obtenir un album plus complet que le voisin. Ce remplissage empressé laisse l'impression d'un travail bâclé, où les enjeux proposés sont multiples - l'intro sur la jeunesse de Serval / Wolverine est ce qu'il y a de plus intéressant dans le film - mais où rien n'est traité. Dans ces conditions, on aurait préféré un gros blockbuster bien bourrin, avec Jackman jouant des griffes de bout en bout pour faire la nique aux méchants. Sauf que Wolverine n'assume jamais son statut de pur actioner et préfère laisser ses personnages débiter des kilomètres de dialogues absolument sans intérêt. On a un peu de peine pour ce Wolverine qu'on a tant aimé, et pour les quelques acteurs qui tentent de surnager mais s'ennuient autant que nous, de Hugh Jackman - sur lequel tout semble glisser - à un Liev Schreiber intense et pas loin d'être inquiétant.
2/10
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 09 mai à 00:33
Franchement naze la critique. Ok, généralement je suis d'accord sur le fait de dire que chacun peut avoir son point de vue. Mais de là à caricaturer grossièrement un film et ceux qui peuvent l'avoir fais, non ! Il y a des façons de le faire bien plus intelligentes.