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Parfois, sur le fil...

Par Dorian Gray
moya-equilibriste.jpg Je vous assure, entretenir l’amitié avec des écrivains et exercer sa profession de journaliste littéraire en toute objectivité et honnêteté est extrêmement compliqué.   Je réfléchis sur le sujet depuis un long moment, mais j’ai du mal à trouver une solution complètement intègre. Une consoeur à la langue bien pendue m’expliquait l’autre soir qu’elle mettait systématiquement des distances avec les écrivains. Toujours. Sans aucune exception. Je ne sais pas comment elle s’y prend parce que j’en suis parfaitement incapable. J’ai besoin de parler, draguer, séduire les gens qui m’entourent.   Le cas s’est présenté à moi deux fois la semaine dernière. Une jeune et jolie auteur(e) s’est retrouvée devant mon micro à sa demande personnelle (je n’ai jamais su dire non face au charme, vous l’aviez compris). J’ai accepté sans avoir jeté un œil sur son nouveau livre. Erreur de débutant (que je ne suis pourtant pas !)   Permettez-moi de taire le nom de la jeune femme, je risquerais d’être très vite démasqué…   J’avais déjà lu deux précédents romans de la belle et je les avais appréciés. Mais là, les bras m’en sont tombés. Boum ! Que faire ? Rien. Assumer. J’ai fini par « accomplir » mon boulot de manière fort diplomate, mais sans complaisance. Un numéro d’équilibriste casse-gueule, certes, mais réussi ce jour-là.   Je crois qu’elle a été étonnée par certaines réflexions et questions (voire railleries), mais sans plus. Cela dit, je le répète, je vais devenir plus méfiant face à la séduction féminine (qui finira un jour par me perdre).   Autre exemple. Un écrivain « vieux de la vieille » dont j’apprécie la lecture depuis des lustres sort son nouveau livre. Nous allons boire un coup ensemble dans le bar d’un palace (tant qu’à faire !). Je dois publier un papier sur ledit ouvrage. Il écrit toujours aussi bien, mais je n’ai rien compris à son histoire. Rien de rien. Pourtant, tous mes confrères viennent de crier au génie en louant sa finesse d’esprit. Je me suis contenté de lui arracher des explications et j’ai fini par comprendre où il voulait en venir. Devant un auteur, faire semblant de saisir la substantifique moelle d’un texte et poser des questions en conséquence est un exercice risqué. Un numéro d’équilibriste casse-gueule, certes, mais réussi à peu près, ce jour-là. Mais je persiste et signe, ce livre n’à aucun intérêt, si ce n’est procurer aux critiques littéraires une bonne petite masturbation intellectuelle avec éjaculation immédiate.   Permettez-moi de taire le nom du vieux routier des lettres, je risquerais d’être très vite démasqué…   (Je sais, c’est hyper frustrant de ne pas donner les noms des auteurs, ni le titre des ouvrages, mais nous n’avons pas le choix. Dorian, Ripley et moi marchons, pour ainsi dire, sur des charbons ardents… et pour ne rien vous cacher, ça commence à brûler.)   Je ne sais pas comment font mes acolytes, le Gray et le Rip, mais ce n’est pas toujours facile d’être l’intégrité personnifiée. Je tente, mais j’ai mes faiblesses. Ne m’en voulez pas.   Rastignac

Ripley réagit (8h01) : Mon Rasti si tu savais... moi-même, récemment, me voilà emporté par un coup de coeur adolescent pour une auteure, dans l'un de ces pinces-fesses où il ne se passe rien. Mais, malgré le sourire et la subtilité de votre serviteur, l'approche tourne vinaigre... Elle m'envoie tout bonnement bouler, sans ménagement,  l'inconsciente ! Que faire ? Lire son prochain livre ? Le descendre dans mes colonnes ? Le brûler ? Oublier l'humiliation ? J'en ferai sans doute une prochaine note...
 
Dorian se reveille (11H08). Moi j'ai tranché. J'ai longtemps fait comme vous. Silence gentil. .Maintenant, quand ça me tombe des mains, je le dis. Fermement. 
Mais c'est tout récent. Peut etre depuis que j'écris ce blog. Ca me donne du courage ?
Rip et Rasti, je vous embrasse. Je pars à Deauville chez une baronne grivoise. Elle cherche un éditeur, elle aussi.

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