A l’instar d’un Matt Elliott ou d’un Birdengine, Fink est un compositeur folk atypique, car issu de la scène électronique. Alors que sa carrière de DJ et ses albums trip-hop sur Ninja Tune lui valaient déjà toutes les louanges au début de cette décennie, Fin Greenall a eu le courage d’entamer une seconde vie musicale en cédant à la pulsion qui le démangeait déjà depuis un moment : à savoir prendre sa guitare et chanter. C’était en 2006. Depuis, deux beaux albums, toujours chez Ninja Tune, sont venus confirmer la justesse de ce choix. Contrairement à ce que son titre peut laisser entendre, Sort Of Revolution, à paraître le 11 mai, ne marque pas de nouveau revirement dans la carrière de son auteur. Dans sa simplicité et sa sobriété, il se place même dans la continuité de l’oeuvre antérieure, tout en présentant des aspects plus mélancoliques, teintés de blues et de soul.
Sur la plupart des titres, la voix et la guitare de Fink ne sont accompagnés que de la basse de Guy Whittaker et de la batterie de Tom Thronton. Moins tranchante que sur Biscuits for Breakfast (2006) ou Distance and Time (2007), la section rythmique installe un groove en suspension, plein d’ellipses et d’allusions, qui colle bien à la rage contenue des compositions. Les sons flottent, entretiennent le trouble, mais sont habités d’une force sourde, qui émerge parfois dans de grands élans de cordes et de piano, comme sur la sublime “Move On Me”, composée avec John Legend. Entre les lignes se dessinent les influences de la musique africaine (“Pigtails”), du R&B (“Q & A”), mais surtout du dub, musique que Fink affectionne particulièrement et développe au sein de son projet parallèle Sideshow.
Si le minimalisme bluesy de “Six Weeks” ou “Walking In The Sun” (reprise de Jeff Barry) fait son petit effet, les morceaux de bravoure sont ceux qui imbriquent toutes les influences du Britannique en un assemblage unique. S’il fallait n’en retenir qu’un, ce serait sans hésitation le morceau-titre, petit chef-d’oeuvre d’hypnose électro-folk, qui combine un pied techno en sourdine, quelques notes de piano et de guitare, et s’achève par une délicieuse minute de dub. Le tout a été admirablement enregistré, produit et mixé par Fink en personne, comme il en a l’habitude. L’artisan de Brighton apparaît donc fidèle à lui-même sur ce nouvel opus : humble, talentueux et versatile. En fait... Tout ce qu’on aime !
En bref : spleenétique et inspiré, Fink livre un album blues/folk élégant, qui s’ouvre par l’une des plus belles chansons de l’année, la paralysante “Sort of Revolution”.
A lire aussi : Sideshow - If Alone (2009) et Matt Elliott - Howling Songs (2008)
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