Dave chante "Hurlevent" : halte au massacre !!!

Dave chantant "Hurlevent", c'est un peu comme si Claude François essayait d'enfiler le costume de Heathcliff par-dessus ses oripeaux à paillettes : c'est bien essayé, mais ça ne lui va pas du tout. A la rigueur, on pourrait imaginer cette chanson au générique d'un dessin animé de Walt Disney.  Vision d'horreur ! Je frémis à l'idée de ce que Walt Disney pourrait imaginer en matière d'adaptation des "Hauts de Hurlevent"...
Dans cette chanson sympathique, mais un brin guimauve, je ne retrouve rien de l'atmosphère saisissante du chef-d'oeuvre d'Emily Brontë. Les paroles sont écrites, l'air est entraînant, la voix de Dave agréable, mais tout cela a un air de déjà vu. Surtout, cela n'a rien à voir avec l'esprit du livre. Pourquoi vouloir faire de Hurlevent "un paradis sur terre" ? Pourquoi vouloir tout affadir, tout aseptiser ? Si Hareton et la seconde Catherine ont préféré déserter ce lieu, c'est parce qu'il n'était pas à leur mesure. Il faut être de la trempe d'un Heathcliff ou d'une Cathy Earnshaw pour souhaiter y vivre. La méchanceté rustique du vieux serviteur Joseph s'y acclimate bien. Mais les plantes fragiles n'y survivent pas : Isabella s'en est enfuie,  son fils Linton y est mort  jeune, ainsi que Frances, l'épouse de Hindley; même ce dernier, plus vigoureux, y est devenu fou et est passé de vie à trépas, à vingt-sept ans - "fidèle à son personnage : ivre comme un lord", comme dira le docteur Kenneth.
Sacré Dave ! Que diable allait-il faire dans cette galère ?