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Observe and Report de Jody Hill

Par Geouf
Observe and Report de Jody HillRésumé: Ronnie Barnhardt (Seth Rogen) est le chef de la sécurité d'un grand centre commercial. Et en tant que tel, il prend son rôle très au sérieux. Par conséquent, le jour où un exhibitionniste agresse plusieurs clientes sur le parking du centre, Ronnie en fait une affaire personnelle et jure de retrouver le pervers par tous les moyens... Observe and Report de Jody Hill

Seconde réalisation de Jody Hill après le culte The Foot Fist Way, Observe and Report est un film très particulier qui ne plaira certainement pas à tout le monde. Ceux qui viendront voir le film en pensant découvrir une comédie un peu lourdingue comme le laisse présager la bande-annonce en seront en effet pour leur frais, puisque Observe and Report n'a absolument rien d'inoffensif. Si on devait le caractériser rapidement, on pourrait dire qu'il s'agit d'un mix entre Disjoncté et Bernie. Comme les deux films suscités, Observe and Report s'intéresse à un personnage à moitié taré (ici il est bipolaire), qui vit dans un monde de fantasmes totalement hors de la réalité. Ce qui le rend à la fois pathétiquement attachant et carrément effrayant. Oui, effrayant est le mot qui convient le mieux pour décrire le personnage de Ronnie, excellemment interprété par Seth Rogen. Car Ronnie est persuadé que ce qu'il fait est juste et qu'il est un héros, alors qu'il n'est qu'un type minable dont tout le monde se moque (même son meilleur ami se sert de lui). Mais ce qui rend Ronnie d'autant plus effrayant, c'est qu'il est gardien de sécurité et que par conséquent, il possède un certain pouvoir, une certaine impunité. Et c'est là que le film touche du doigt une réalité bien sensible et souvent tue : le risque d'abus de ces gens possédant un peu de pouvoir, surtout depuis le 11 septembre. En effet, qui n'a jamais été agacé par un agent de sécurité indélicat dans un aéroport ou bousculé par un videur un peu trop brutal en boite de nuit ? Ronnie fait partie de ces gens qui pratiquent le délit de sale gueule sans aucune arrière-pensée, il milite pour pouvoir porter une arme dans son travail (on frissonne rien qu'à cette pensée) et se considère comme le bras armé de la justice.

Du coup le film fait souvent preuve d'un humour assez déstabilisant. On rit souvent, mais les rires s'étranglent bien vite lorsqu'on réalise la gravité de la situation. L'excellente scène dans laquelle Ronnie et un l'un des vendeurs du centre se jettent des " fuck you " à la figure sans vouloir lâcher prise est très drôle, mais en même temps on se demande si Ronnie ne va pas pêter un câble et sauter sur le bonhomme en face (d'autant que celui-ci a déjà porté plainte contre lui). Idem lorsque l'inspecteur de police campé par Ray Liotta se paye la tête de Ronnie en lui faisant croire qu'il a des chances de rentrer dans la police : c'est drôle mais en même temps pathétique et aussi inquiétant parce qu'on se dit que c'est de cette façon que certaines personnes craquent et se mettent à massacrer des innocents... Il aurait suffi de quelques modifications de ton pour faire de Observe and Report un vrai film d'horreur social. Jody Hill joue constamment sur cette ambigüité, poussant le spectateur à s'interroger sur ses propres limites. Et on lui saura gré de ne pas céder à la tentation du happy end rédempteur avec une soudaine prise de conscience du héros. Non, si Ronnie finit bien par être respecté et par arrêter le pervers, on ne peut s'empêcher de ressentir un arrière-goût amer en pensant que ce taré est toujours libre d'agir...

Note : 8/10

Mais le film ne fonctionnerait pas aussi bien sans l'acteur adéquat pour incarner Ronnie. Heureusement, Seth Rogen livre ici tout simplement une de ses meilleures performances, bien loin de ses personnages habituels d'ado attardé. Son Ronnie est à la fois attachant dans son idéalisme et pitoyable dans son refus de voir la vérité (concernant Brandy ou ses chances de rentrer dans la police). Mais surtout, l'acteur est constamment sur le fil du rasoir et souvent terrifiant sous son air débonnaire. A ce propos, la scène au cours de laquelle il raconte son rêve récurrent à la psychologue de la police est parfaitement représentative du film: à la fois hilarante et véritablement flippante (on pense d'ailleurs beaucoup à la scène du cauchemar de Bernie). A ses côtés, la rigolote Anna Farris incarne à la perfection le type même de la bimbo sans cervelle.

Au final, si le film n'est pas totalement parfait (il souffre tout de même de quelques longueurs, de seconds rôles un peu sous développés et d'une love story finale prévisible et inutile), force est de constater qu'il offre tout de même un spectacle unique et bien loin de la tiédeur habituelle de certaines productions hollywoodiennes ou françaises...


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