Du même auteur, j'avais lu avec malaise et
perplexité "La petite robe de Paul" il y a quelques mois, ouvrage que j'avais renoncé à chroniquer : je n'ai vraiment pas compris le fin fond de l'histoire, et je ne l'ai pas trouvé très
accessible... Le roman d'un psy écrit pour des psys, quoi ! Je n'avais donc pas une folle envie de me plonger dans le
"Secret". Mais, comme ce livre m'a récemment été prêté et chaudement recommandé par une lectrice aux bonnes fréquentations littéraires (psy de son état, nul n'est parfait ) j'ai fait l'effort de l'ouvrir.
Dans ce roman autobiographique, l'auteur fait le récit d'une jeunesse grisâtre, passée dans l'ombre de parents à la fois éblouissants et distants qu'il idéalise.
Lui est un enfant solitaire, maladif et chétif qui ne trouve pas sa place entre ces deux sportifs, qui s'aiment passionnément, mais dont le passé commun et les racines familiales semblent
nimbées de mystère. Faute de pouvoir leur plaire - il sent qu'il les déçoit, mais pourquoi ? - il revisite à son gré l'histoire de sa famille, imagine
quelle a pu être la rencontre de ses parents, va jusqu'à s'inventer un frère aîné plus fort, plus brillant... Ce monde imaginaire, loin de pallier les non-dits et la froideur affective de sa
famille, l'enfonce de plus en plus dans son mal-être. Jusqu'à ce que Louise, une amie proche de sa famille, lui dévoile une pesante vérité.
C'est la révélation de ce secret de famille qui a permis à Philippe Grimbert de se construire en tant qu'adulte. A aucun moment, il ne semble en avoir voulu à ses
parents au sujet de ces non-dits qui ont pourtant empoisonné son enfance. Tout au contraire, il s'est attaché à comprendre leurs souffrances, leur culpabilité, et les raisons pour lesquelles
ils ont préféré enfouir ce passé sous une chape de plomb.
Le récit va très loin dans la description de son ressenti, de ses émois d'adolescents, et dans le récit (romancé, mais jusqu'à quel point ?) de la rencontre
amoureuse de ses parents, et des circonstances dramatiques qui leur ont permis de fonder un foyer. Confronté à la réalité des faits, Philippe Grimbert a dû revisiter l'image idyllique du couple
parental, et reconstituer sa propre identité au travers de l'histoire douloureuse de sa famille. J'ai été frappée par la force intérieure et par la grandeur d'âme de ce tout jeune homme qui
décide d'assumer ce lourd passé et qui, sans lui témoigner de rancune, tend la main à un père dont il devine la profonde tristesse, la culpabilité, les tourments...
Un livre poignant, bien écrit, et sincère, je le recommande.