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Hubert Nyssen, douzième

Publié le 02 mai 2009 par Irigoyen
Hubert Nyssen, douzième

Hubert Nyssen, douzième

Sortie: le 6 mai

La chronique précédente s'achevait sur une intervention d'Hubert Nyssen. Laissons donc l'auteur-éditeur commencer celle-ci: « Aux lecteurs qui auraient reconnu dans ce roman des personnages venus des Déchirements, il reste peut-être à s'en assurer... ». Ainsi s'achève L'Helpe mineure dont la sortie m'a donné l'idée de cet hommage.

Nous voici mis en garde, nous lecteurs, qui pensons donc reconnaître dans ce roman des personnages des Déchirements. Troublants pourtant ces noms qui ne nous sont pas inconnus. Prenez Julie Devos, par exemple, qui a connu un certain Victor Cordonnier autrefois. Voyez Valentin et Colette. Ça ne vous dit rien ? Si, bien sûr.

Sauf que l'avertissement d'Hubert Nyssen est beaucoup moins facétieux qu'il n'y paraît. Il nous met en garde contre une attitude trop facile et trop rapide qui consisterait à assimiler ces personnages avec ce qu'ils furent. Or, du temps a passé depuis. Et vous n'ignorez plus l'importance du temps aux yeux du fondateur d'Actes Sud.

Le temps a passé et Julie Devos vient de perdre Victor, son compagnon – c'est le début du livre -. Victor, oui, comme cet homme qu'elle connut jadis et qui mourut en étant persuadé que la jeune femme qu'il aimait était morte écartelée durant la guerre – Devos, un nom flamand qui veut dire « renard » -. Un Victor a donc succédé à un autre. Un double, sans l'être donc.

Le roman s'ouvre sur le dernier rendez-vous de ce couple:

« Cette nuit, dans la soudaine solitude de l'Helpe mineure, cette vieille demeure qu'elle avait baptisée du nom de la rivière qui la frôle, elle laisserait la tristesse se répandre lentement en elle. »

Hubert Nyssen a « tenu parole »: vous vous souvenez sans doute qu'il était question dans Quand tu seras à Proust, la guerre sera finie – voir chronique N°10 - d'un écrivain, Louis Severin, auteur d'un roman intitulé justement L'Helpe mineure.

Le face-à-face entre Julie et Victor n'est pas le seul de cet opus. En fait, tout le livre nous met en scène des couples de personnages dont les entrées sont précédées d'indications fournies par l'auteur. Exemple:

INTERIEUR NUIT.- Chambre aux murs chaulés. Gros plan sur un lit à l'ancienne. Victor, lunettes sur le nez, lit un livre à la lueur d'une lampe de chevet. Sur la droite et dans l'ombre, Julie s'affaire.

...

Démarche qui ne doit évidemment rien au hasard, tout cela ayant pour but d'évoquer un théâtre d'ombres que constituent ces figures anciennes:

« Il lui avait assez répété que nous avons dans la cervelle un théâtre où l'on peut accueillir en représentation les disparus que nous n'avons pas envie d'oublier. »

Julie et Victor; Élisabeth et Julie, Colette et Valentin, Colette et Élisabeth ... Cet opus nous offre donc plusieurs combinaisons surprenantes, vous le verrez.

En toile de fond, j'y décèle une interrogation sur l'unicité de l'événement. Si nous pensons reproduire ce qui ne peut s'être passé qu'une seule fois, nous nous trompons. Nous faisons fausse route. D'où, à mon sens, l'importance de ces mots:

« Il fallait la ramener à sa condition de spectre »

Cette phrase fait référence à Julie qui reçoit une visite importante. Encore un face-à-face dont Hubert Nyssen a eu la gentillesse de bien vouloir lire un extrait:

Il a été question, plus haut, d'indications scéniques et de théâtre. Vous aurez sans doute apprécié la voix d'Hubert Nyssen qui, je le crois sincèrement, pourrait volontiers servir un texte sur une scène.

La voix dont il est d'ailleurs question à de nombreuses reprises dans L'Helpe mineure, qu'elle soit « pleine de ronces » ou qu'elle aille « chercher les oiseaux dans les branches ».

Les branches, les arbres: on en revient toujours là, non ?


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