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New York mi amor : aux pieds des deux tours

Publié le 02 mai 2009 par Actualitté
New York mi amor : aux pieds des deux toursSale temps, sales rues. Giuliani, l'ancien maire de New York s'en serait arraché les cheveux. C'était au début des années 80, bien avant qu'il ne déplace la misère hors de portée des caméras. Ce voyage pour la grande époque de NYC nous est proposé par Tardi, Legrand et Grange. Alors en route.
L'asphalte de New York City a beau suinter de crasse, Walter Eisenhower se trouve quand même chanceux. Il aurait pu vivre et mourir à Berlin si sa mère ne l'avait pas vendu à un G.I., à la fin de Seconde Guerre mondiale : « vous connaissez Berlin ? Sale ambiance... ». Pour gagner sa croûte, il fait le tueur de cafards chez Blitz, une société d'extermination de nuisibles. C'est son uniforme rouge qui l'a amené jusqu'au 13e étage d'un immeuble de NYC. Vous le saviez-vous que le 13e étage ça n'existe pas à NYC ? Walter oui. La seule chose qu'il a gagnée à être curieux, c'est une poisse bien collante qui le suit dans la rue, se dépose sur les gens qu'il croise et les recouvre tous d'une sacrée couche de merde. Et d'un drap blanc pour les moins veinards. Il ne fait pas bon croiser la route de la vraie mafia, celles des multinationales. Surtout quand on est un pauvre type comme Walter. New York mi amor : aux pieds des deux toursNew York mi amor : aux pieds des deux tours Cette première histoire d'une cinquantaine de pages donne le ton de l'album : un volume noir où des personnages à l'âme inquiète courent à travers les rues de New York. Qu'ils cherchent à abattre les démons de leur passé, à assassiner des personnages célèbres ou simplement à se foutre en l'air, les interprètes de cette danse macabre ont tous un calibre à portée de main. Au même titre que NYC, les flingues sont les éléments fondateurs de cette BD. Certains en ont un posé sur la tempe ; d'autres le tiennent fermement dans leurs poings. Une seule n'aura pas besoin de s'en servir. La vie s'est chargée de la venger et c'est peut-être mieux ainsi.
Nées de la rencontre entre Benjamin Legrand, Jacques Tardi et Dominique Grange, ces cinq histoires ont toutes paru entre 1979 et 1984. Ces trois poids lourds du phylactère ont partagé un même amour pour Big Apple et ont décidé de le rendre en BD. Elles sont le reflet d'une époque magnifique, celle de la superbe revue (À suivre) qui s'est posée dans l'univers des cases et des bulles entre 1978 et 1997 sous l'impulsion de Casterman. On y a vu se construire des monuments aussi célèbre que Le transperceneige de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob (scénarisé par Benjamin Legrand après que Lob a tiré sa révérence), ou Ici-même de Jean-Claude Forest et Tardi. La dernière histoire, Le meurtrier de Hung est tirée d'un journal aujourd'hui à bout de souffle : l'Écho des Savanes. Vous sentez un brin de nostalgie dans mes propos ? Y'en a.
La stratégie des éditeurs ; littérature et BD ; qui consiste à ressortir des vieux machins du placard est parfois douteuse et relève souvent de l'entourloupe commerciale. Ici il s'agit d'une œuvre essentielle et d'une action nécessaire. Qui aurait pensé à aller chercher ces récits dans les archives de la revue (À suivre) ? À agrémenter le volume d'une superbe préface d'Art Spiegelman et à mêler les genres ? C'est le travail d'un éditeur, et pas le plus mauvais. Vous pouvez en êtres sûrs.
Ah, oui. J'oubliais le style de dessin, tout ça, tout ça... Du grand Tardi. Bonne lecture !
New York mi amor, de Legrand, Tardi et Grange, publié chez Casterman, 15 €.
 

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