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Chanel n°5, le film de Jean Pierre Jeunet

Par Didier Vincent

Certains prétendent que Jeunet n'est pas un cinéaste et c'est sans doute vrai. Des effets, des effets et des effets : juste des clips mis bout à bout. Donc, il excelle en la matière. Noter des idées et les mettre en lumière, comme faire valser une caméra, étourdir les couleurs, ouvrir chaque plan à un infini possible, gérer une unité de ton et ce, dans la minute (nécessaire).

Ce n'est pas un cinéaste au sens bergmanien, c'est-à-dire au fond shakespearien où tout se joue dans un cadre fixe car Jeunet, lui, en joue, du cadre. Encore moins du Rohmer ou du Woody Allen car le dialogue est off qui n'a rien à voir avec l'image. C'est un cinéaste enfant, un gosse qui allume sa caméra et s'éblouit de sa dextérité créative à jongler avec la lumière et les formes. C'est un cinéma. Comme on dit que la vie c'est du cinéma, de la triche, du faux, du toc, quincaillerie dépareillée et baroque qui fait la fuite des jours.

Filmant un train, il place la caméra sur des rails, un bateau, sur l'eau, du vide, sur le vide. Montrant une femme, un regard d'homme, bien sûr. Et d'homme si amoureux tant il la caresse du regard. Parce qu'une femme, c'est un parfum, et le cinéma de Jeunet aussi, qui enivre, envahit les yeux, étourdit nos regards en un ample mouvement fait de fondus virevoltants et fluides. Jeunet n'est pas un cinéaste, c'est sûr : c'est un artiste.


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