Magazine Autres musiques

Petit miracle des Cuiller sur Bach

Publié le 06 mai 2009 par Philippe Delaide

Le père (Daniel Cuiller, à la tête de l'ensemble Stradivaria) et le fils (Bertrand Cuiller, au clavecin) nous livrent chez Mirare l'une des plus belles versions que l'on puisse imaginer de trois concertos pour clavecin et orchestre de JS Bach (ré mineur BWV 0152, sol mineur BWV 1058, fa mineur BWV 1056, la majeur BWV 1055).

La formation orchestrale est volontairement "chambriste" (2 violons, 1 alto, 1 violoncelle et 1 contrebasse) et le rendu général est particulièrement enthousiasmant.

Tout d'abord, on peut enfin écouter un clavecin qui n'est pas écrasé par la masse orchestrale, et, surtout, on a affaire ici à des musiciens qui montrent un degré de cohérence et une unité assez rare pour être soulignée. Le jeu de Bertrand Cuiller, alerte et léger, fait pétiller son clavecin. Il nous délivre des sonorités fines comme de la dentelle, tout en conservant un certain mordant, une vivacité toute contrôlée. La pulsation, déterminante dans ces concertos, est parfaitement maîtrisée, subtilement maintenue et la vivacité de cette version n'a rien d'agressif ou d'expéditif, bien au contraire.

Bach Stradivaria Cuiller
On peut regretter occasionnellement un tempo un peu trop rapide (particulièrement sur le concerto en sol mineur) mais c'est aussi parce que nos oreilles ont été certainement par trop habituées à des trains de sénateurs sur de nombreuses versions précédentes.

La famille Cuiller joue ces concertos avec un naturel et une spontanéité confondante.  Tout cela respire, vit, "sans se poser de questions métaphysiques". C'est aussi un version où les interprètes s'engagent de façon certaine et avec le parti pris d'une version que je situerais volontiers sous le signe de la danse et d'un petit clin d'œil à l'improvisation, ce qui, dans le cas de JS Bach est d'un sacré culot. Le signe de la danse, cela n'a rien de surprenant quand on se rappelle les nombreuses contributions de Daniel Cuiller à différentes productions chorégraphiques.

Un autre point intéressant dans le parti pris de cette version est l'apparente opposition entre la légèreté, luminosité du clavecin et la gravité, noirceur de l'orchestre (ah ! les relations père / fils, un peu comme Wolfgang Amadeus avec Leopold !...).

Parmi les petites merveilles de ce disque, j'ai noté la version du concerto en fa mineur, notamment son fameux Largo.

Par rapport à la version un peu "tarabiscotée" de David Fray évoquée récemment (cf. note du 25 avril 2008), les Cuiller nous fournissent une belle leçon d'humilité et d'évidence. Par rapport à celle de Murray Perahia, chère à mon cœur malgré ses accents assurément aguicheurs (cf. note du 16 octobre 2006), on revient à une lecture plus sobre, moins ampoulée. Certes, je compare l'incomparable (versions piano et version clavecin).

Je trouve que ce disque est une vraie réussite, sur un répertoire aux versions pourtant innombrables. Un de mes disques coups de cœur de l'année 2009.

Lien vers le site Mirare pour en savoir plus et écouter un extrait.

JS Bach : concertos pour clavecin et orchestre (ré mineur BWV 1052, sol mineur BWV 1058, fa mineur BWV 1056, la majeur BWV 1055) - Bertrand Cuiller, clavecin - Ensemble Stradivaria - direction Daniel Cuiller - label Mirare.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Delaide 1912 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog