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"La dernière maison sur la gauche"

Par Loulouti

Le mot "remake" fait peur, énerve ou laisse indifférent. Quand ce dernier est associé à un projet de film, on imagine souvent le pire. Et très souvent le massacre (au propre comme au figuré) est au rendez vous.
"La dernière maison sur la gauche" de Wes Craven appartient à la légende du 7ème art, au panthéon du cinéma gore qui n’intéresse pas les grands médias qui savent ce nous voulons ou pensons.
Depuis bien longtemps Wes Craven n’a plus rien à prouver et gère tranquillement sa carrière au mépris des langues bien pendues. Ce sont les autres qui se chargent (ou qu’il charge) de revisiter ses meilleurs longs métrages. Alexandre Aja a fait un sacré bon boulot avec le mythique "La colline a des yeux" (bon je ne vous parle pas de la vautre du second volet remaké).
Le grec Dennis Iliadis s’est donc chargé du remake de "La dernière maison sur la gauche" et le résultat est bien plus que convainquant.
Le couple Collingwood (Monica Potter et Tony Goldwyn) et leur fille Mari (Sara Paxton) arrivent dans leur maison de vacances pour échapper à la fureur de la vie citadine.
Mari et sa meilleure amie Paige partent faire un tour en ville. Ils tombent un trio de tueurs à leur arrivée dans la bourgade. Paige est sauvagement assassinée en forêt et Mari laissée pour morte sur un plan d’eau.
Les tueurs ont leur voiture inutilisable suite à un accident provoqué au préalable par les deux jeunes femmes. Par le plus grand des hasards, ils trouvent refuge la nuit...
...chez les Collingwood.
Je peux parler en toute liberté de ce remake ou de cette relecture en toute tranquillité car j’ai de très vagues souvenirs de l’original. Je me remémore juste une pellicule très granuleuse et des couleurs légèrement saturées mais la dramaturgie de l’ensemble échappe à mes efforts de mémoire.
Le long métrage de 2009 est sacrément bien construit. La tension monte graduellement à mesure que le piège semble se refermer sur une innocente famille. Le malaise s’insinue progressivement sans effets outranciers.
La sobriété est le terme qui définit au mieux la réalisation de Dennis Iliadis. Son approche s’attache à mettre en valeur les personnages, les situations tendues et les dialogues.
Le canevas de l’histoire est classique (un acte de barbarie et une vengeance primaire et charnelle) mais le metteur en scène passionne son public par un réalisme à toute épreuve. Son film ne regorge pas de gore gratuit en permanence mais de moments critiques qui nous font froid dans le dos. Comme un peur viscérale qui nous prendrait et qui ne nous lâcherait plus.
La tension se transmet tel un poison dans des veines. La mise en scène est géniale dans son approche des événements. L’horreur ne naît pas de situations extraordinairement complexes mais de moments simples de la vie d’une famille ordinaire dont le destin bascule au hasard d’une rencontre fortuite. Ce climat pesant est clairement perceptible tout au long du film (dans la chambre d’hôtel du trio infernal par exemple).
Les personnages bénéficient d’un traitement au combien satisfaisant. Le réalisateur ne verse pas dans la caricature. Le couple n’est pas l’archétype de la famille américaine par excellence. Nous n’avons pas le droit aux habituels discours moralisateurs ou à des mièvreries de mauvais aloi. Leur souffrance est palpable et leurs actes de vengeance sont commandés par des pulsions mécaniques. Comme je l’ai laissé entendre plus haut, c’est la chair qui parle avant tout, pas la raison.
A l’opposé la bande de dégénérés n’est pas chargée du lot habituel d’exagérations. Dennis Iliadis croque le portrait d’un trio de tueurs mais la modération dont il fait usage fait mouche. Le trait d’union de ces deux ensembles est un fils qui rejette les actes d’un "père" tordu par le mal.
Le propos du réalisateur est simple : dès que des individus nuisibles franchissent les limites du pré carré de gens par nature ordinaires, ces derniers sont capables de se défendre en usant d’une violence primaire, d’une sauvagerie pas légitime devant la Loi des Hommes mais naturelle de par le Talion.
Monica Potter et Tony Goldwin joue une partition sur du velours tant les limites de leurs rôles sont clairement marquées. La symbiose est parfaite et donne de la crédibilité à "La dernière maison sur la gauche". Sara Paxton joue sans fioriture
l’effroi à merveille . Garret Dillahunt (Krug, le chef du trio infernal) donne une nouvelle épaisseur au personnage classique du méchant ce cinéma.
"La dernière maison sur la gauche" est une réelle surprise dans un univers cinématographique qui colle très souvent des étiquettes par avance à des longs métrages. Le film de 2009 n’est pas qu’un remake mais une relecture au combien satisfaisante. Un film qui nous réserve son lot de situations tendues, mises en scène avec réalisme et crédibilité.
Un long métrage qui provoque le malaise et qui choque par l’incongruité de cette rencontre fatidique. A voir pour celles et ceux qui aiment les thrillers psychologiques bien agencés et les longs métrages où les effets gore sont utilisés de manière intelligente.


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