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Le disque: aide ou frein au travail artistique?

Par Dablemont

his master's voicePendant longtemps, j’ai dévoré les disques. Tous, même les mauvais. Ils m’ont permis de bien connaitre le répertoire et de fascinants interprètes. Ils ont fait partie de mon éducation musicale et ont en partie formé mon oreille. Ils ont eu une influence sur ma personnalité musicale, c’est certain. Mais laquelle? M’ont-ils aidé ou au contraire m’ont-ils freiné?

Quand j’ai commencé à écouter beaucoup de disques, je ne connaissais pas du tout, ou très peu le répertoire pour piano. J’ai donc en priorité écouté des pianistes. Grâce à eux, j’ai pu avoir rapidement une connaissance assez étendue du répertoire de mon instrument et j’ai pu commencer à m’intéresser au reste. J’ai également acquis un jugement critique sur ces interprétations, en essayant de comprendre pourquoi tel ou tel disque ne me plaisait pas. Ils m’ont apporté parfois des idées nouvelles, et ouvert mon monde musical.

Le revers de la médaille est que toutes ces interprétations ont formaté mon oreille. Si certains ont été de bons substrats, beaucoup d’autres m’ont empêché de développer mon imagination sonore en me mettant dans la tête un son déjà prêt. Au lieu de chercher, j’ai longtemps utilisé les solutions “toutes prêtes” offertes par le disque. Le problème est là: j’ai longtemps cru que connaitre par cœur un enregistrement, c’était connaitre l’œuvre à fond et plutôt que de chercher à apprendre de l’œuvre et à en tirer une interprétation, je tentais de reproduire avec plus ou moins de succès ce que j’avais déjà entendu sans vraiment en comprendre les tenants et aboutissants. Sans m’en rendre compte, je standardisais grandement mon jeu, et je perdais mon imagination.

Bien sûr qu’il faut écouter des disques, ne serait-ce que pour les avantages que j’ai cités, mais dans mon approche, il m’a manqué du recul, et j’ai été un peintre contemplant un Velasquez et voulant reproduire la même chose. Aujourd’hui, j’ai suffisamment évolué pour chercher mon propre style et comprendre que même si Velasquez me fascine, je ne dois pas copier Velasquez, mais plutôt essayer de trouver ce qui fait sa force.


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