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Et si dieu me demande, dites-lui que je dors

Par A_girl_from_earth
ET SI DIEU ME DEMANDE, DITES-LUI QUE JE DORS

ET SI DIEU ME DEMANDE, DITES-LUI QUE JE DORS


J'adore ce genre de titre un peu farfelu, aussi, pas étonnant qu'en l'apercevant au détour d'une bib', je me retrouve irrésistiblement attirée vers ce livre.
J'en parcours rapidement la quatrième de couv' pour me faire une idée du sujet.

Extrait:
"Partir pour les cimes volcaniques du mont Cameroun ! C'est le souhait ardent de Rosie Parks depuis qu'elle a ouvert une curieuse lettre d'invitation signée Edmond VII, lettre séduisante que d'autres jeunes femmes romancières ont aussi reçue. Le signataire inconnu, qui se dit éditeur au Cameroun et s'affirme cousin germain de Louis XIV, offre une tournée fantastique, découvertes et conférences dans l'Ouest camerounais. A une condition : que ces femmes écrivent en quelques pages la femme qu'elles ont rêvé être...
Mais comment écrire la femme qu'on a rêvé être lorsqu'on est amnésique comme Rosie ?..."

Mmmh... intéressant, je me dis alors. Je poursuis mon investigation en feuilletant les premières pages.

Les premières lignes m'intriguent:"Je m'appelle Edmond VII. [...]
Je suis éditeur à Yaoundé [...]
L'on m'a dit, chère Miss Parks, le plus grand bien de vous. Aussi, je vous veux. Je vous veux dans le recueil de nouvelles que je publie prochainement à Yaoundé.
Vous serez donc bien aimable, chère Rosie, d'écrire un texte court (a short story) sur le thème:
"La femme que j'ai rêvé être et celle que je suis devenue."
(The woman I dreamt to be, the one I became)"

Un peu plus loin..."Rosie Parks, oui. [...]
Où je suis née?
Je n'en ai pas le moindre souvenir.
Mon état domicile?
Au point de vue domicile habituel, je réside 19°00'01" nord, et 20°12'17"" est. Non, je ne peux pas être plus précise.
[...] Oui, tout à fait. Oui, j'ai des enfants. Quatre filles au moins. [...] Mais je ne sais plus dans quel placard je les ai rangées.
[...] Rosie Parks, oui. Oui, c'est ma véritable identité.
19°00'01" nord, 20°12'17" est, quatre enfants environ. "

Adjugé, emprunté, direction PAL! Je sens que ça va me plaire, ça m'a l'air bien tordu comme j'aime!

Et tordu ça l'est, et même, assez gravement! Car notre narratrice est amnésique, et la réalité qui l'entoure étant filtrée et déformée par ses souvenirs inexistants et sa propre logique, le récit prend des tournures fort fantaisistes, aux dialogues parfois déroutants (mais tellement drôles!), du type:
"- Tu es allée à Dublin? me fait Angélique. C'est en Ecosse, non?
- J'en sais trop rien..., je réponds. Ca dépend.
- Normalement c'est en Irlande, murmure Mona Lisa.
- Ne sois pas si catégorique, Mona."

Les autres personnages ne sont pas moins atypiques et décalés, au casting, Edmond VII, l'éditeur, qui a la curieuse particularité de traduire ses phrases en anglais en cours de conversation, une écrivaine camerounaise accro à la Vache qui rit, une romancière mauricienne énigmatique, et toute une floppée d'autres personnages insolites qui croiseront leur route, et c'est en compagnie de ce petit monde peu ordinaire mais non moins charmant que nous traversons le Cameroun dans le cadre d'une tournée promotionnelle qui nous conduira de ville en ville dans les centres culturels et lycées français du pays. Une tournée fort instructive car au-delà de l'aspect délibérément fantaisiste de ce récit se dessine une certaine réalité sociale et culturelle du Cameroun, et s'amorce une discussion autour de la littérature et de l'écrivain, notamment sur la notion de littérature négro-africaine.

Une citation de notre amnésique que j'adore:
"- L'écrivain, dis-je, est un mythomane qu'on respecte. Apprenez donc à mentir, si ce n'est déjà fait."

A travers ce roman se profile l'humour un peu insolent, moqueur et fantaisiste de l'auteure, c'est parfois déstabilisant, inattendu, ça m'a beaucoup amusée, cela dit, j'ai trouvé le délire autour de l'amnésie souvent un peu trop poussé, ce qui a parfois engendré le désintérêt chez moi. Je ne remercie pas l'auteure par ailleurs pour m'avoir mis Lorie dans la tête pendant une journée.

ET SI DIEU ME DEMANDE, DITES-LUI QUE JE DORS

Autre bémol, si le style m'a plu, ainsi que l'humour, le ton, la tournée, etc, l'intrigue en elle-même m'a moins convaincue et m'a paru un poil tiré par les cheveux. C'est qu'il faut suivre les délires de Rosie Parks autour de la mythologie grecque. Son passé y est étroitement lié et la façon dont l'auteure tisse les liens entre cette romancière amnésique, Prométhée et le Cameroun est certes admirable mais peut-être trop subtile pour moi. Je suis sortie de là finalement assez perplexe, avec l'impression d'avoir lu un roman d'une grande richesse par plusieurs aspects mais d'être passée un peu à côté.


Enfin, ce roman vaut le détour pour certains passages et pour cet univers très coloré et insolite de l'auteure dont je tenterais bien un autre roman comme ça pour voir, elle a l'air assez jetée mais pas le genre dangereuse (quoique...).


L'auteure
Nom: Bessora
Née en 1968 - à Bruxelles
D'origine gabonaise et suisse, aux attaches "géographiquement dispersées".
Plus sur son site aussi insolite que le reste (moi j'adore!): www.bessora.fr


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