Magazine Musique
Voilà c'est fini, je viens de passer ma dernière journée dans ma boîte. Ma démission envoyée, mon souhait de raccourcir mon préavis pour anticiper mon départ entendu, je n'avais plus qu'à faire mes cartons et organiser un pot de départ. Ma boîte ne m'a fait aucune difficulté particulière et a même accepté de réduire mon préavis à quelques semaines au lieu des trois mois réglementaires. J'ai bien entendu eu droit à un petit entretien avec mon chef de projet le jour où ils ont reçu mon recommandé, le discours habituel "oh je suis surpris de recevoir ta lettre de démission, déçu que tu ne m'en ais pas parlé avant, j'ai pourtant tout fait pour t'obtenir ce que tu voulais, je ne comprend pas pourquoi tu pars". Pppffffff...
Surpris ?! Déçu ?! Cela faisait des mois que j'en parlais, que je demandais que ça bouge tant au niveau salaire qu'au niveau de ma prochaine mission. Pour ce qui est de l'augmentation, elle s'est fait attendre : mon chef n'a cessé de me répéter qu'il s'en occupait, que ça venait, d'avancer un chiffre, puis un autre deux semaines après, sans préciser si on parlait d'un salaire de base ou si les avantages étaient comptés dans ce fameux chiffre magique, de me dire que tout était validé mais de ne plus me donner de nouvelles un mois durant. J'en ai eu marre, j'attendais juste des actes concrets, et non de belles paroles destinées à m'anesthésier. Quant à la mission, ils ont essayé de me mettre sur un projet chiant à mourir, sans aucune valeur ajoutée, complètement à l'opposé de ce que je leur avais demandé... Ce qui ne les a pas empêché de me demander la bouche en coeur si cela collait à mes aspirations ! Cela a suffit à enfin me décider à envoyer ma démission.
Lors d'un de mes entretiens à la concurrence, j'étais tombé d'accord avec un directeur d'agence pour dire qu'il y a trois choses qui nous font rester dans une boîte : le travail, le salaire et les hommes. Le salaire n'était pas à la hauteur, ma nouvelle mission non plus, il n'y avait plus que l'ambiance - excellente - avec mes collègues qui me faisait tenir. Mais un pilier sur trois ça ne suffit pas pour rester. J'étais en contact avec d'autres boîtes depuis des mois, j'avais l'embarras du choix, j'en avais assez de quémander une augmentation. Quand votre manager vous annonce qu'il peut vous augmenter de 10% cette année, puis d'encore 10% l'année suivante si vous faites vos preuves alors que vous bossez là depuis bientôt deux ans, et que la concurrence vous propose 20% d'augmentation dès l'embauche au bout d'un entretien d'une heure... Il y a de quoi rire. Mon directeur de projet - celui-là même qui m'avait embauché - ne m'en touchera pas un mot, il se contentera simplement de négocier avec moi la date de mon départ. L'intervention du PDG dans tout ça se limitera à une signature en bas d'une page. Apparemment il n'y aurait pas beaucoup de boulot pour septembre, c'est pour cela qu'ils ne font pas d'histoire et laissent partir leurs employés aussi tôt.
Je garderai malgré tout un excellent souvenir de ces deux années. Il y a eu des périodes plus fastes que d'autres, je me suis parfois ennuyé, mais j'ai appris beaucoup. Pas forcément beaucoup dans le technique, mais plutôt sur les métiers que j'ai côtoyés : leurs problématiques, leur contexte, leurs enjeux... Tout ça me paraît bien plus important que d'être un geek du développement ou des architectures système. D'ailleurs ça n'a jamais été mon ambition, je préfère de loin les phases de dialogue avec le client, d'analyse/conception, de gestion de projet...
Et puis surtout j'ai rencontré beaucoup de monde, chacun avec sa personnalité, sa façon d'être et d'apporter à un esprit d'équipe. Je garderai bien évidemment contact avec tout ce petit monde, tout comme je revois encore souvent mes collègues de premières missions d'il y a deux ans. L'ambiance, c'est certainement ce qui manquera le plus, mais les missions changent régulièrement et que je reste ou non dans cette boîte les collègues tournent toujours. L'équipe avec qui je travaillais depuis huit mois est d'ailleurs en train d'être dissoute. Au final, beaucoup de ceux que je connaissais ont déjà démissionné ou vont le faire, travaillent pour d'autres SSII mais pour les mêmes clients. Alors à part la raison sociale sur la fiche de paye, ça ne va pas changer grand chose, on finit toujours par retrouver les mêmes personnes sur Lille, avec une carte de visite différente. Pour le moment, je vais me prendre quelques jours de battement avant de commencer dans ma nouvelle société, en route pour l'aventure dès septembre !