Les Maldives s’engagent vers une neutralité carbone

Le gouvernement des Maldives a annoncé récemment son intention d’atteindre la neutralité carbone au cours de la prochaine décennie, en installant des sources d’énergie renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque..) et en compensant par l’achat de crédits carbone les émissions de CO2 produites par le transport aérien des touristes. Avec une altitude moyenne parmi  les plus basses du monde (environ1,5 m au dessus du niveau de la mer), ces îles seront l’un des premiers endroits lourdement affectés par la montée du niveau de la mer et les tempêtes tropicales. Les Maldives sont donc concernées au premier chef par la lutte contre le réchauffement climatique. et leur engagement est donc plus que symbolique !

Pour Eric Parent, co-fondateur de Climat Mundi, toutes les neutralités ne sont pas égales entre elles : démonstration.

L’intention de principe est bien évidemment excellente (faire le maximum pour réduire l’empreinte climatique du pays). Compenser les émissions non réduites est, dans ce cadre, indispensable. A ce titre, nous ne pouvons que féliciter le gouvernement des Maldives.

En revanche, face aux énormes défis d’aujourd’hui, le vrai sujet n’est pas “d’être neutre en CO2″, mais de modifier son économie pour la rendre structurellement la moins dépendante possible du pétrole et la moins émissive.

En effet, que feront les Maldives quand il n’y aura plus de pétrole pour amener les touristes dans les îles -ou pire, que les îles auront disparu sous la montée du niveau de la mer ?

Regardons donc de plus près la démarche. La consommation électrique des Maldives est de 135 000 MWh/an (d’origine fossile). Avec un facteur d’émissions plausible de 800 g eqCO2/kWh *, les émissions liées à l’électricité sont donc de 108.000 t eqCO2/an **.
Sachant que l’archipel accueille 600.000 touristes par an, et que les émissions de gaz à effet de serre par touriste sont en moyenne de 4 t eqCO2/personne***, les émissions liées au transport des touristes sont de 2.400.000 t eqCO2/an, soit 22 fois plus que les émissions liées à la production d’électricité.
On voit donc que la vraie réponse climatique des Maldives serait de limiter de manière significative le nombre de touristes.
En effet, il est peu logique d’éviter de produire 108.000 t eqCO2/an d’électricité, tout en continuant à générer 2.400.000 t eqCO2/an** en vendant du « tourisme de masse ».
Une solution pourrait être pour le gouvernement de se concentrer sur le tourisme d’hyperluxe : si on triple le prix des séjours et qu’on divise ainsi par 3 le nombre de touristes, on maintient le même niveau d’entrée de devises en émettant 3 fois moins de CO2.

Cela n’empêchera pas de compenser les émissions restantes –il serait même très utile de le faire– mais les émissions générées auront été réduites bien plus drastiquement. L’augmentation de prix empêchera sans aucun doute un certain nombre de jeunes mariés d’aller passer leur lune de miel aux Maldives. Heureusement, il existe beaucoup d’autres endroits sympathiques où passer sa lune de miel et profiter d’un cadre paradisiaque sans générer 4 t eqCO2** par personne ! Cette quantité est en effet le double de ce que la planète peut supporter par personne et par an toutes activités confondues : un déplacement touristique aux Maldives est donc largement non soutenable en soi.
Le contexte actuel exige des vraies mesures pour rendre l’économie soutenable. La compensation carbone, qui reste à ce jour le seul moyen technique de contrebalancer la pollution climatique de nos activités, ne prend pleinement de sens que si elle est faite en parallèle avec des mesures drastiques de réduction. Ainsi, les Maldives, tout en utilisant la compensation, pourraient faire bien plus pour décarboner leur économie.

* : Gramme équivalent CO2
** : Tonne équivalent CO2
*** un A/R Paris-Malé en avion émet environ 3,6 t eqCO2/personne**, un NewYork-Malé 6,2 t eqCO2/personne**, et un Sydney-Malé émet environ 4 t eqCO2/personne**.

Les différents gaz liés aux activités humaines n’ayant pas tous la même contribution à l’effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2) a été choisi comme étalon avec une valeur de 1.
A PROPOS DE CLIMAT MUNDI :
Climat Mundi est un des leaders du conseil en management carbone et un opérateur de compensation de CO2. Il aide les entreprises à estimer, réduire puis compenser les émissions de CO2 liées à leur activité. Ses consultants ont une expérience cumulée de plus de 90 Bilans Carbone®.
Climat Mundi compte parmi ses clients : Aéroports de Paris, BNP Paribas Assurance, Crédit Coopératif, Crédit Foncier, Groupe Lafuma, Ikéa France, Mc Donald’s, Ministère de la santé, Ministère de l’écologie, Ville de Colombes,…
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