Citoyens !
Je découvre petit à petit le blog de Bernard Sananes grâce à Charles-Antoine, et j’ai lu avec intérêt son manifeste pour faire sortir la com’ politique de l’ombre :
“Quand on le fait depuis l’extérieur, l’enjeu essentiel est de réussir à prendre de l’avance pour permettre de sortir de “l’essoreuse” qu’est le rythme de la vie d’un homme politique et de ses équipes. Il faut aussi mettre en place de bons capteurs en phase avec la réalité de la société et savoir les placer au dessus de sa sensibilité personnelle. Bien évidemment, parce qu’un ministre prend plusieurs dizaines de décisions par jour, une fonction essentielle est d’aider à identifier, à hiérarchiser ce qui dans l’action de l’homme politique intéressera les médias et l’opinion, et à éclairer,expliquer,mettre en perspective, cette décision, c’est ce que l’on appelle le spin .”
Si j’aime bien l’idée d’écouter et de hiérarchiser, je ne peux m’empêcher de penser à l’exemple Obama et de faire un parallèle avec ce que je vois sur les Européennes.
- au-delà de la hiérarchisation, ce qu’est arrivé (et arrive) à faire Obama et ses équipes a été de déléguer une partie de son pouvoir d’explication à des influenceurs, à des citoyens “horizontaux”, pas forcément encartés, qui parlaient à leurs communautés au nom de la réputation d’Obama. C’était un lien suffisamment libre pour pouvoir propager du “spin” mais suffisamment fort pour faire remonter les discussions, et donc entrer dans de l’interaction “dure”
- au niveau des Européennes, on se rend compte qu’au niveau “2.0″, l’interaction est très molle. Comme le répète Nicolas Gosset sur le blog de Spintank : “Sur Twitter on parle en son nom, pas la peine dans ce cas de toujours parler de soi, l’ouverture aux autres est appréciée par la communauté. Il faut faire parler les gens que l’on rencontre, interroger son audience, donner de l’information et ouvrir sur l’ensemble du web. Certains politiques mettent des liens dans leurs messages, parfois vers des contenus « externes », trop souvent vers leurs propres blogs ou sites.” C’est cette ouverture sur le reste du débat européen, et le manque de réputation déléguée à d’autres citoyens européens qui me semblent éminemment frustrants. La preuve étant que peu de politiques répondent aux commentaires et/ou tweets des citoyens, et que surtout peu de porte-paroles citoyens de ces mêmes politiques parlent en leurs noms. on est donc encore loin de la démocratie de la réputation.
- dans le cas américain, ce n’est pas la Maison Blanche en tant qu’institution qui s’emparait des sujets et poussaient les débats, c’est bien Obama et les “représentants de sa réputation” (mauvaise appélation, j’espère un jour trouver mieux) qui s’en emparaient. Dans les cas des Européennes, j’ai le sentiment que le débat européen (au sens de débat à un niveau de citoyenneté européenne) n’est poussé que par l’institution. C’est déjà ça remarquez, mais c’est largement insuffisant pour impliquer le citoyen
Le spin est mort, vive le spin ?!