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L’idiot de Pierre Léon

Par Caroline

Gaff18040273032351À l’heure où débute le 62ème Festival de Cannes, loin des strass et des paillettes, je voudrais parler d’un film modeste, artisanal, mais dont la magie ne s’exerce pas moins sur les spectateurs (trop rares) que nous étions hier soir dans une salle d’Utopia. Mon propos n’est pas de mettre en opposition le cinéma fait par ce qu’on appelle “une industrie” et l’autre, confidentiel, parfois chaotique. La cinéphilie ne se met pas se type de frontières. Mais, je voudrais faire fonctionner le bouche à oreille, internet rapprochant les bouches des oreilles avec une étonnante facilité, pour parler du film de Pierre Léon : L’idiot.

Pierre Léon est d’origine russe, né à Moscou en 1959. C’est lui qui s’est “attaqué” à l’adaptation du roman de Dostoïevski. Enfin, disons qu’il en a choisi un passage, une soirée chez Natassia Philiopovna (Jeanne Balibar, magnifique !), un huis-clos où vont se dévoiler les âmes des protagonistes, d’abord grâce à un jeu (un jeu bête, j’en conviens) où chacun devra raconter, quand son nom écrit sur des petits papiers sera tiré au sort, le pire acte de sa vie. Pour plomber une ambiance, il n’y a pas mieux ! Ce petit jeu va lancer la tragi-comédie qui va suivre, “le dénouement ” comme dit à plusieurs reprises Natassia, comme pour l’appeler des ses voeux.

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Les dialogues sont incisifs ( de Dostoïevski, lui-même, respectés à la lettre), les visages sont filmés au plus près (le plateau de tournage étant un appartement et tous les acteurs n’étant pas présents au même moment, Pierre Léon a su transformer ces contraintes en atout ), dans un noir et blanc pur, léger. Malgré l’étroitesse de la scène (un boudoir cosy), les acteurs ne sont pas figés, au contraire, on a une impression paradoxale de mouvement qui accompagne celui des mots.
Le film ne dure 1h01. À plus d’une heure, on dit que c’est un long-métrage, puisqu’il faut bien classer tout ça. L’entrée est à tarif réduit de ce fait. Mais, j’ai qualifié ce film d’OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié), tant il est différent. Une fabrication avec les moyens du bord mais un talent, une originalité qui en font un grand film.
C’est ça aussi le cinéma et j’aime ça.

Avec : Jeanne Balibar, Laurent Lacotte, Sylvie Testud, Bernard Eisenschitz, Pierre Léon, Jean Denizot, Serge Bozon, Vladimir Léon, Renaud Legrand, Martial Salomon…
J’oubliais ! Télérama n’a toujours rien compris au cinéma…

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