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A.S. Byatt, L'Ombre du soleil, Flammarion

Publié le 14 mai 2009 par Irigoyen
A.S. Byatt, L'Ombre du soleil, Flammarion

A.S. Byatt, L'Ombre du soleil, Flammarion

« L'Ombre du soleil est le roman d'une très jeune femme, écrit par une personne qui devait absolument écrire mais n'était pas du tout sûre de pouvoir l'avouer, ni même, étant femme, d'en avoir le droit. » déclara l'écrivain britannique Antonia Susan Byatt à Montréal lorsqu'elle reçut au mois d'avril 2009 le prestigieux prix littéraire canadien Metropolis Bleu.

Écrit à la fin des années cinquante alors que l'auteur étudie à Cambridge mais publié seulement en 1964, le roman met en scène Anna Severell, vivant dans l'ombre de son père, grand homme de lettres britannique amoureux de Coleridge et Wordsworth, mais personnage particulièrement distant. Anna qui veut elle aussi écrire, cherche à exister en tant que telle.

Le roman débute l'été 1953, alors que la jeune fille de 17 ans a été renvoyée du lycée pour avoir fugué. Invité de la famille Severell, Oliver Canning venu en compagnie de sa femme Margaret, parvient à tisser des liens privilégiés avec Anna qu'il veut amener à s'émanciper. Mais la première tentative est vouée à l'échec, l'élève refusant de se laisser guider par un homme à qui elle reproche de vouloir, lui aussi, l'enfermer dans un nouveau carcan.

A l'automne, Anna parvient à entrer à Cambridge où elle ne travaille pas plus qu'au lycée. C'est à ce moment-là qu'elle retrouve Oliver dont elle devient cette fois l'amante. Mais la relation tournera court, la jeune femme reprochant toujours à son ancien « chaperon » de vouloir constamment la façonner à son image.

Dans ce premier roman, A. S. Byatt dénonce l'étouffement individuel et en particulier celui des femmes, sommées de choisir entre accomplissement personnel, carrière et vie de famille. Rare fille à étudier à Cambridge, lieu de l'excellence britannique, Anna comprend vite qu'elle ne peut s'en sortir qu'en épousant un bon parti. Ce qu'elle envisage avec un certain Peter Hugues-Winston avant de finalement comprendre son erreur.

Cette condamnation des moeurs britanniques durant les années 50 se développe grâce à un portrait de trois générations de femmes : Caroline et Anna Severell ainsi que Margaret Canning. Si la première a totalement accepté de vivre dans l'ombre de mari pour s'assurer une place privilégiée dans la bonne société, Anna, elle, décide de tout faire voler en éclat. Quant à Margaret, elle ne sait si elle doit trouver un soutien auprès d'un mari qui la trompe ou d'Henry, le modèle d'Oliver.

Dans L'Ombre du soleil Antonia Susan Byatt va fouiller les tréfonds de l'âme de ses personnages afin d'y déceler leurs véritables motivations. Cette mise à nue des sentiments humains séduit un nombre croissant de lecteurs qui ont contribué à ce que cet auteure connaisse une célébrité tardive, couronnée en 1990 par le fameux Booker Prize pour le roman Possession.


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