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Le monde du cinéma de guingois sur Hadopi

Par Anakyne

CANNES - Sur la Croisette, réalisateurs et acteurs n'ont pas tout à fait le même avis...

Le monde du cinéma serait-il divisé sur la loi Hadopi? A Cannes, en tout cas, les avis sont partagés. Samedi, lors d'un débat sur le financement du cinéma après le vote de la loi anti-piratage, les participants ont plaidé pour une régulation de la Toile au service du bon financement des films français, qui ont besoin de la télé, et notamment de Canal+, pour émerger.

A l'autre bout de la Croisette, Jeanne Balibar, qui joue sous la direction de Pedro Costa dans «Ne change rien», sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, n'est pas d'accord sur les bienfaits du texte de loi. «C'est une loi pour rien, elle est dépassée avant même de pouvoir être mise en application, c'est un coup d'épée dans l'eau, explique-t-elle à 20minutes.fr. Son souhait? «Que les gens soient sur le Net comme dans une médiathèque.»  
Taxe

Pour l'actrice, le doigt n'est pas pointé au bon endroit: «Il y a une hypocrisie à dire que les pirates sont des individus. En réalité, ce sont les serveurs et tous ceux qui se servent de contenus en images. Il faut que des structures comme Orange contribuent à la création et soient taxés, comme on l'a fait autrefois avec les cassettes et les CD vierges.»
Or les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) ont déjà été taxés, cette année, pour la réforme de l'audiovisuel. Politiquement parlant, il était difficile pour le gouvernement d'instaurer une autre taxe sur les FAI.
Quant à Virginie Ledoyen, qui joue dans le dernier film de Robert Guédiguian présenté à Cannes, elle a fait remarquer que c'était un «faux débat». Cette loi est déjà obsolète, a-t-elle confié à 20minutes.fr. Bien sûr qu'il faut protéger le droit d'auteur, mais on ne peut pas aller contre l'élan des nouvelles technologies, qui constitue une source de progrès faramineux.»
Régulation, oui, répression, non
La réalisatrice Marina de Van, qui a fait tourner Monica Bellucci et Sophie Marceau dans «Ne te retourne pas», veut bien qu'on la télécharge, mais pas sous n'importe quelle forme: «Je ne suis pas contre le téléchargement, qu'il soit légal ou illégal. De toute façon, je ne touche rien sur les ventes de DVD, donc je n'y perds rien. Mais il y a un truc qui m'énerve. "Ne te retourne pas" a été piraté avant même qu'il ne soit fini, diffusé avec une jaquette et une qualité pourries. Je n'ai pas travaillé six ans sur ce film pour que les gens en voient une copie inachevée.» Elle rappelle en outre que ce qui compte avant tout, c'est que les «spectateurs soient les plus nombreux possibles à voir mes films».

Même avis de Laurent Cantet, Palme d'or 2008 pour «Entre les murs»: «Il me semble que les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres: ils doivent être diffusés le plus largement possible.» Selon lui, «la répression n'est pas le meilleur moyen pour régler cette question». Ce à quoi le réalisateur Radu Mihaileanu, intervenant lors du débat sur le financement du cinéma, répond que «c'est quand même inouï que l'on prône une dérégulation totale sur Internet alors qu'on vit une crise issue des effets d'une dérégulation», celle du capitalisme.

Alice Antheaume, à Cannes


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