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Eloge de ma province

Publié le 18 mai 2009 par Abarguillet

Ce lundi 18 mai 2009  -  L'humeur du jour  -

Pour être née à Paris et y avoir vécu ( du moins dans sa banlieue proche ), je me réjouis chaque matin, depuis seize ans, de m'éveiller dans ma jolie province et d'ouvrir mes volets sur un paysage de verdure et de mer. J'aime tout d'elle : sa campagne aux collines boisées et aux riches prairies, ses éperons rocheux surplombant des vallées encaissées, son bocage qui prend parfois des allures alpines, ses falaises abruptes et ses souples vallons. Terre  d'échange et de traditions, d'élevage et de cultures à la géologie variée, elle figure une gigantesque mosaïque faite de pleins et de déliés. Plus à l'Est, on y voit des gorges profondes et sauvages ; au Nord-Est, le pays d'Auge offre ses paysages tranquilles que le printemps vient colorer de parterres de fleurs, éden bucolique pour les randonneurs, alors qu'à l'approche de Caen, la plaine habillée de bleu ( le lin ), d'or ( le colza ) ou de rouge ( les coquelicots ) s'étend à perte de vue et qu'à la lisière Sud, le schiste et le granit l'emportent, affirmant le caractère pittoresque des villages et hameaux affranchis des tumultes urbains qui s'y égrènent : maisons anciennes blotties autour des rues étroites, cours pavées ouvrant sur d'imposants manoirs.
N'oublions pas que la Normandie est l'une des terres les mieux pourvues en monuments historiques malgré les dommages irréversibles que la guerre lui a fait subir. Près de 900 édifices pour le seul département du Calvados : églises, calvaires, abbayes, châteaux et manoirs, villas balnéaires, hôtels particuliers et maisons de ville auxquels s'ajoute une centaine de monuments "dignes d'intérêt", trésors architecturaux hérités d'un passé que cette province a su entretenir et valoriser. Des joyaux qu'il n'est pas besoin de chercher pendant des heures. Ici un moulin, un ancien atelier, les vestiges d'une filature ou d'une tannerie ; là un lavoir remis à neuf, une laiterie ou une fromagerie restaurée, une vieille école, un colombier, un presbytère, une gare Second Empire, un viaduc ferroviaire ; le patrimoine industriel y côtoie le patrimoine rural ou maritime dans la plus parfaite harmonie.
L'esprit bâtisseur des ducs de Normandie a laissé son empreinte. Quantité de demeures fortifiées y ont été bâties à partir du XIe siècle pour parer au climat d'insécurité de l'époque ( déjà !). La fin du XVIe marquera un tournant architectural : la bourgeoisie d'alors s'installe à la campagne, les aristocrates mettent leurs demeures au goût du jour, ainsi naissent des châteaux de facture classique, rompant avec le style défensif médiéval.
Qui dit patrimoine architectural suppose fatalement patrimoine artisanal issu d'un savoir-faire très ancien. Qui n'a jamais entendu parler  de la dentelle de Bayeux ? A son apogée au XVIIe, la dentelle au fuseau évoque l'âge d'or de ces compositions élevées au rang d'oeuvres d'art.

 

Eloge de ma province
  

Mais si l'arrière-pays est d'une richesse incomparable, les charmes naturels du littoral ne sont pas en reste. De cette large façade ouverte sur la Manche, la mer rythme le quotidien de nombreux ports de pêche. Préservées de l'urbanisation, ces zones, peuplées d'une flore et d'une faune diversifiées, découvrent des plages infinies, dont les peintres ont aimé capter les jeux de lumière que ne cessent d'offrir le double duo du sable et de l'eau, de l'eau et du ciel. Ainsi passent les saisons, toutes somptueuses selon moi. L'hiver et sa beauté graphique, ses tonalités comme saisies sur papier glacé, le printemps et son exubérance végétale qui fait de la nature la palette chromatique la plus extraordinaire qui soit, l'été et ses fastes et l'automne gagné par les feux qui embrasent les forêts, tout est enchantement pour l'oeil.


Et j'allais oublier les rivières, grandes ouvrières du modelage naturel de ce panorama. Après avoir sillonné les vallées encaissées, puis les terres bocagères et les plaines à grains, elles se mêlent enfin à l'eau marine et épouse son destin. Oui, la Normandie ressemble à un jardin façonné avec élégance qui viendrait s'incliner en plans successifs jusqu'à la mer,  lieu de mémoire et terre d'histoire, mais également domaine idéal pour le promeneur qui n'a que l'embarras du choix entre chemin côtier et chemin creux.

  


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