Magazine Journal intime

« Novembre »

Par Markhy

Chaque fois que vous lisez un seul mot, que vous voyez une seule minute, de cette putain de saga horripilante qu’est Millénium, c’est une veuve que vous étranglez un peu plus. Pensez-y. N’oubliez jamais. Plus intéressant que le bouquin, c’est l’histoire de famille de Stieg Larson. Comme il a préféré le concubinage, il a mis en avant l’aigreur et la lâcheté de son frère, de son père. La vraie saga de Stieg Larson, c’est sa mort. Comme dans cette ville. Les gens ont l’air mort. Il n’y a que des pavillons, des rues à l’américaine en angle droit. L’après-midi il n’y a qu’un lieu vivant, c’est le cimetière. Car les vieilles viennent prier et fleurir la tombe de la cousine, du mari, du fils de la voisine – Elle ne peut plus se déplacer. Cette ville est née avec le Front Populaire, me dit mon père. Elle est morte en même temps. Les commerçants sont très importants, à croire qu’il n’y a que eux, ici. Mais c’est des commerces de seconde zone. Une crêperie, un tabac/bar mal entretenu. Si tout ne tombe pas en ruine, c’est que les vieux ont suffisamment d’argent pour refaire la descente en ciment devant chez eux. Un ciment qu’ils ne profiteront pas, on leur en coulera un autre sur eux, avant. Leur mort, les enfants revendront la maison. Que faire du pavillon des parents en banlieue ? Autant le vendre, acheter plus loin, à la campagne, en bord de mer.

Sur Paris, il fait gris comme en novembre. Les couples hésitent à s’embrasser. Ils ont peur : Cela ne ressemble pas au printemps. Sur un banc, parc de Bercy, bien habillés : Des cinquantenaires comme échappés du ministère. Ils s’embrassent, eux. Ils osent, eux. Il a la main sur sa cuisse, des collants noirs, peut-être des bas, il ne remonte pas assez pour que je vois. Ils ressemblent aux couples qu’on aime détester au lycée, mis en musique par Mondkopf. Bain du Matin. Les femmes entre 45 et 60 ans sont toutes amoureuses de moi, sur cette tranche d’âge j’ai plus de respectabilité que Julien Doré. Chaque fois que je finis un entretien on me dit « Timide & Gentil », et pourtant c’est bien dans leur fille que je jouis.



Retour à La Une de Logo Paperblog