Magazine Culture

Essaouira, la belle!

Publié le 20 mai 2009 par Musique

EssaouiraVue panoramique des remparts d'EssaouiraEssaouira, la belle!EssaouiraVue panoramique des remparts d'Essaouira

« Les mouettes sont des vagues qui prennent leur envol

Et les vagues, des mouettes qui grondent

Quand on brise une vague

Une aile vous pénètre profondément

Et quand on brise une aile

Une vague vous pénètre profondément

Ecoutez les trois mouettes briser leurs oeufs

Comme si la mer surgissait du sable pour la première fois

Avec comme notes musicales : l'éclosion d'œufs de mouettes »

(Moubarek Raji, poète contemporain de la ville).

Essaouira, ville marocaine située sur le littoral Atlantique, à 186 km au nord d'Agadir et à 156 km à l'ouest de Marrakech.

Chef-lieu de province, Essaouira vit aujourd'hui principalement de l'artisanat, du tourisme et de la pêche (troisième port sardinier du Maroc). Située au pied du Haut-Atlas, sur une baie protégée, la ville jouit d'un climat particulièrement doux et stable, sous l'influence des vents alizés.

Essaouira que certains connaissent encore sous le nom de Mogador, la ville aux bleus profonds fut également une grande ville juive où la «la vigueur des traditions séfarades» dans la province d¹Essaouira, en l'occurrence ceux du rabbin Haim Pinto et du rabbi Nessim Ben Nessim. Cette ville ouverte, tend à prouver que le Maroc n'est pas uniquement arabe, il est berbère, africain, occidental, juif et arabe.

Tout comme Marrakech, cette ville est un carrefour de civilisations et d'influences. Les effluves et les rumeurs océanes océanes passent les remparts roses (qui font toujours irrésistiblement penser à un coin de Bretagne au coeur du Maroc) au canons décorés de dauphins pour se mêler aux milles senteurs du souk et à celle du thuya,le bois préféré des artisans locaux.

Essaouira l'Arabe, Mogador l'Européenne, s'enracine dans la saga portugaise du XVIème siècle. Carrefour entre les tribus arabes Chiadmas du Nord et les Hahas berbères du Sud, la ville a aussi absorbé les esclaves venus du Soudan et de Guinée.

Depuis la plus haute Antiquité, le site a attiré les navigateurs. Au viiie siècle av. J.-C., il est fréquenté par les Phéniciens, et au ier siècle, les îles d'Essaouira deviennent célèbres dans le monde romain grâce à leur atelier de fabrication de la pourpre. Elles prennent alors le nom des îles Purpuraires, ou Purpurines. Au xème siècle, la ville est baptisée Amogdoul, du nom du saint patron berbère de la cité, Sidi Mogdoul. Dès le xvème siècle, elle est une étape commerciale pour les Portugais, qui décident ensuite de s'y établir. Ils déforment son nom en Mogdoura, qui devient Mogadour pour les Espagnols et Mogador pour les Français. En 1764, le sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah décide d'y construire un port afin de rivaliser avec Agadir, cité insoumise qui monopolise le commerce européen. Il charge alors un captif français, Théodore Cornut (élève de Vauban), de concevoir le plan d'une nouvelle ville, bâtie selon un tracé rectiligne et ceinte de remparts. Au début du xixe siècle, Essaouira (de es-souira, en arabe « le lieu fortifié ») gagne 40 p. 100 du trafic de la côte atlantique et accueille les caravanes transportant esclaves, gomme et or. Un siècle plus tard, l'activité commerciale de la ville freine, en raison de la création du port de Casablanca et du développement de celui d'Agadir, qui amorcent son déclin. Située en dehors des grands axes de communication, Essaouira n'a pas profité de l'essor industriel et social général qui a suivi l'indépendance.

Le quartier juif nommé El Mellah d'Essaouira était un des plus importants de cette ville. Vers les années 50, cette ville comptait de 17000 juifs et de 10.000 musulmans. Les juifs attirés par la prospérité du port, s'installaient dans la partie nord de la ville. La majorité de cette population se consacrait au commerce et à l'artisanat.

Essaouira, la belle!

La musique à Essaouira

Essaouira aime la musique et toutes les musiques aiment Essaouira. Ne dit-on pas que cette ville est "Le Woodstock marocain"?

La ville a attiré intellectuels, intellectuels et artistes, rockers et hippies. Champion du rock vaudou, Jimi Hendrix y a traîné ses guêtres. Il n'est resté que 11 jours en juillet 1969, mais son passage a marqué les esprits des habitants. Il a joué avec les musiciens gnawa et en a sans doute retenu les motifs rythmiques destinés à provoquer la transe. Il a aussi entendu le guembri, instrument sacré qui ouvre la voie de l'esprit. En organisant de nombreux festival cettte cité balnéaire veut servir d'exemple de tolérance dans les pays de la Méditerranée.

Le genre musical des gnawa, perpétué par les descendants d'esclaves noirs ("Gnaoua" signifie "Guinée" en arabe), associe rythmes africains et culte des saints de l'islam. Essaouira est devenu un haut lieu de la musique Gnawa en organisant un festival international de grand intérêt qui lui est entièrement consacré.

Un autre événement notoire y est organisé : Le Printemps Musical des Alizés qui a beaucoup gagné en notoriété bien au delà des frontières a su préserver, au fil des années, sa fraîcheur et sa cohérence, déclare André Azoulay, conseiller de SM le Roi et président de la fondatrice de cet évènement. Ce dernier estime que la musique n'est jamais neutre. Elle est toujours porteuse de messages et de valeurs et ce festival est une rencontre de tolérance et d'écoute de l'autre.

Le malhoun à Essaouira

Le malhoun à Essaouira a connu des jours fastes au XIXème siècle avec son représentant le plus illustre Mohamed Ben Sghir. Selon le chercheur illustre du patrimoine du malhoun. Ahmed Souhoum, Mohamed Ben Sghir représente un chaînon fort du malhoun et de la tradition poétique souiri de ce siècle. Ce maître était un adepte de la confrérie des aissaoua pour laquelle il a composé plusieurs chants religieux (adkar). Sa poésie d'une extrême finesse épousait la culture de son époque. Néanmoins la richesse de ses textes et de son répertoire lui on valu une grande notoriété dans tout le Maroc et ce jusqu'à nos jours. Parmi ses célèbres qaçaïd on peut citer en particulier Lafjar (l'aube); achamâa (la bougie), al falaka (la punition), al kasbah et al warchane (la colombe). Al Warchane est un véritable hymne à l'amour de l'auteur pour sa ville natale, poésie dans laquelle la colombe d'Essaouira effectue une longue pérégrination, imaginaire jusqu'à Tlemcen en Algérie après avoir rendu visite aux sept saints des régraga dans l'arrière pays des chiadmas pour recueillir leur bénédiction.

  • "ô colombe...
  • Colombe, va chez les fils d'Essaouira
  • qui résident à Tlemcen.
  • Porte leur le salut d'Allah
  • Prie pour leur gloire et leur lumière,
  • Pour qu'il nous reviennent comme ils nous ont quittés.
  • De la porte du lion tu sortiras colombe,
  • tu demandera protection à Sidi Mogdoul, seigneur du port.
  • Sa nouvelle est parvenue jusqu'à Istanbul.
  • Sois prudente et éveillée.
  • Dépasse les amas de pierre au delà de la grande colline,
  • Et touche de tes ailes moula dourain (saint de Regraga),
  • Gloire de notre pays.
  • Demain à l'aube tu te purifieras à l'écoute de la prière.

Mohamed Bassis (né en 1927), fut également un authentique interprète de malhoun pendant plusieurs décennies.

Tourisme

Le tourisme est de plus en plus important à Essaouira, avec des jolis hôtels installés dans des riads marocains traditionnels dans la vieille ville. Il y a aussi des hôtels modernes le long de la plage. Essaouira est également renommée pour le windsurf et le kitesurf, grâce aux vents puissants qui soufflent presque constamment dans la baie.

[1]Patio - Riad La Rose des Vents - Essaouira

[1]Patio - Riad La Rose des Vents - Essaouira

Artisanat à Essaouira

Essaouira, atelier à ciel ouvert des métiers de l'artisanat. Autant de pratiques artisanales qui reflètent à la fois la richesse des arts et métiers dans la ville et la diversité de ses populations. Comment pourrait-on parler d'Essaouira sans évoquer son artisanat ? En effet, aller à la rencontre des artisans est devenue une chose inévitable quand on sillonne les rues et les ruelles d'Essaouira. Pourtant cet état de fait n'existait pas jusqu'au début du XXè siècle où seul le commerce était prépondérant : entre 5 et 6 % seulement de la main d'œuvre était employée dans l'artisanat. La ville héberge, dit-on, parmi les artisans marocains les plus talentueux. Marqueterie, tissages, huile d'argan,...L'artisanat de bijouterie à Essaouira fût de tout temps prospère grâce aux anciens artisans juifs qui lui ont donné ses titres de noblesse : qui n'a entendu parler du célèbre « Dag Souiri » et de « la rose de Mogador » motifs de décoration propres à la Cité des Alisés ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Musique 3114 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte