Iguanes miniatures et geckos des murailles la mer est grise à perte de vie
Bastia Miami Beach en surimpression de décor carton pâte la plage innombrable
ourlée de blanc odeurs moites des palétuviers lourds de la sève et de l’absinthe des îles
Elle absente chaos des villes insensibles même les images fuient
et s’enlisent nul doute qu’ici la vie est autre de moi je ne me souviens pas
la vieille 203 roule dans un hors-temps aboli sous les strates infinies
des jours qui déclinent leur grammaire livre ouvert sur l’indicible
Elle, surgie des brumes d’un rêve inaccompli roule hirondelle légère
portée par l’Aronde Deluxe fierté de son enfance oh nos vespas imaginaires
figées dans les souvenirs image unique cerclée dans son halo de lumière vive
ancrée là comme l’écueil qui découpe ses lignes graves sur les versants du ciel
Elle emportée par son propre élan roule à l’envers de la route
rien n’arrête la planche qui oscille sous son corps jambes tendues
à l’aplomb de l’asphalte les gravillons giclent au rebours de ses rêves
Elle rit et pleure de la pleine vitesse court vertige saturé de chaleur qui la saisit à flanc de goudron
la vie défile sous ses yeux plume légère balayée par le flot des jours
intarissable et dur
de silences et de larmes.
Angèle Paoli.
Poétesse française, elle a publié le recueil "Noir écrin" que la revue Europe a évoqué dans cet article disponible en ligne