Magazine Culture

Jim Harrison : "De Marquette à Veracruz"

Par Schlabaya
Le mot de l'éditeur : "Las de fouiller la conscience de sa famille riche et sinistrée, compromise depuis trois générations dans l'exploitation forestière éhontée du Michigan, David s'exile dans un chalet de la péninsule Nord. Entre son père, sorte d'obsédé sexuel aux tristes arrangements avec la justice, et sa mère qui se réfugie dans l'alcool et les médicaments, le jeune homme tente tant bien que mal de conjurer la réalité et sa laideur… À l'instar des héros des tragédies grecques, les personnages harrisoniens sont imparfaits et souffrent de maux universels comme le ressentiment, la haine, la jalousie, la méfiance et la passion amoureuse. Jim Harrison ne croit pas en une Amérique modèle, lui qui dénonce avec colère le processus de déshumanisation de la société par l'intermédiaire de la violence, l'obsession de l'argent et l'exploitation abusive de la nature, et pour qui la famille est le lieu d'émergence type des fous et des névrosés. Avec De Marquette à Veracruz, il dresse le portrait inédit de la région du Michigan, dont il est natif, appréhendé non comme un simple décor mais comme l'incarnation d'un territoire profondément habité par l'Histoire. Véritable voyage au bout des ténèbres, mais aussi récit étourdissant de beauté sauvage où s'entremêlent la tragédie familiale, la haine du fils contre le père, la lutte des classes, la trahison, la vengeance, la souffrance, la sexualité et la mort, ce roman d'éducation contemporain s'impose comme l'une des œuvres les plus ambitieuses de son auteur."
Un roman construit comme un road-movie, où on suit le narrateur à travers les méandres de son cheminement intérieur, mais aussi sur les routes qui le mènent de Marquette, la ville dont il est originaire, à Veracruz, où il part en quête de son premier amour. David Burkett, quatrième du nom, est l'héritier d'une famille de profiteurs sans scrupules, et le fils d'un père alcoolique et pervers qu'il s'épuise à haïr. Parce que l'argent engrangé par ses ancêtres (qui ont largement contribué à la déforestation du Michigan, tout en exploitant les populations autochtones) lui permet de vivre sans travailler, David décide d'écrire une sorte de "Livre noir" recensant les méfaits de sa famille, un travail fastidieux, et dont l'utilité reste à prouver, mais par lequel il croit évacuer sa culpabilité.  Parce que son père, un porc sans états d'âme, a violé la petite Véra, âgée de douze ans, dont lui-même, alors âgé de dix-sept ans, était secrètement amoureux, il se sent tenu d'expier ce crime. Sa soeur Cynthia, quinze ans à l'époque, s'est enfuie avec son petit ami Donald, un métis, fils du jardinier de la famille, avec lequel elle a construit sa vie.  Sa mère  a pris le large. David, lui, joue les ermites, et oscille entre repentance stérile, misanthropie et déni du réel. Il noue avec plusieurs femmes des idylles vouées à l'échec. Accablé par une culpabilité qui n'est pas la sienne, il en oublie le sens de sa propre existence, se tourmente et se flagelle sans que rien de bon n'en résulte. Seul, l'ultime face à face avec ce père haï (scène qui ouvre et clôt le récit) permettra à David de venir à bout de ses démons...
Ce roman, dont "Retour en Terre" constitue une suite, est époustouflant. Jim Harrison y dénonce les ravages faits à notre terre nourricière, la cupidité et l'égoïsme qui mènent le monde à la faillite. Une leçon d'authenticité, de simplicité et de courage.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Schlabaya 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines