Le cinéaste autrichien, maître du cinéma clinique, est récompensé pour «Le Ruban blanc», un film austère à glacer le sang.
Le 62ème Festival de Cannes, qui a présenté sa cérémonie de clôture, laissait peu de doutes quant au vainqueur. Des rumeurs faisaient déjà état dans la journée sur le sacre du Ruban blanc de Michael Haneke. Peu avant le palmarès du jury, Isabelle Adjani était venue décerner la caméra d’or, pour le premier film toutes séries confondues, à l’australien Warwick Thornton pour Samson and Delilah. L’ambiance devenait vite magique sous les yeux de la présidente Isabelle Huppert, parfois perdue dans ses fiches. Le public fut assez intrigué, par ailleurs, de voir le prix du scénario écrit échoir à Nuits d’ivresse printanière, de Lou Ye et écrit par Mei Feng, et traitant de la problématique homosexuelle dans la Chine contemporaine. Aucun mouvement de surprise, en revanche, lorsque Charlotte Gainsbourg fut primée pour son rôle dans Antichrist, de Lars von Trier, ni lorsque Christophe Waltz fut récompensé pour sa prestation dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino.
L’heure sonnait alors enfin pour Michael Haneke. A 67 ans, le cinéaste aux allures de pasteur est un habitué du Festival de Cannes. Il fut déjà présent sur la Croisette en 1989 pour Le Septième continent, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Pour Le Ruban blanc, il s’est inspiré de documents d’époque pour faire revivre les incidents qui ont troublé la vie d’un village en Allemagne en 1913. Le ruban, énoncé dans le titre, désigne dans le film le tissu immaculé que le pasteur Burghart Klaussner ajoutait aux habits de ses enfants pour que ces derniers symbolisent « l’innocence et la pureté ». L’œuvre, qui annonce le premier conflit mondial, est tournée en noir et blanc. Une façon comme une autre pour rappeler des idéaux placés dans un décor de marbre.