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Rencontre avec Kalouban'

Publié le 26 mai 2009 par Cahri Cahri

Ce matin j’ai rendez-vous avec les musiciens de Kalouban’ qui ont prévu de répéter toute la journée. J’arrive au moment de la balance, vous savez, c’est le moment où chaque musicien règle le son de son instrument avec l’ingénieur son. L’ambiance sur place est donc studieuse mais tout de même très détendue et les blagues fusent. Je me rends vite compte que les musiciens ne sont pas des débutants ; ils ont même quelques années d’expérience derrière eux ! Pourquoi ces musiciens aguerris qui ont longtemps accompagné les plus grands groupes de la Réunion ont-ils un jour décidé de fonder leur propre groupe ? C’est ce que je leur ai demandé.

A l’initiative du projet il y a deux compères : Nini le batteur (de son vrai nom Jean Denis Marguerite), bien connu du public réunionnais puisqu’il a notamment accompagné sur scène Tropicadero, Ziskakan, René Lacaille, Carrousel... et Claude Francesconi, le guitariste. Tous deux musiciens émérites ils avaient travaillé ensemble dans le groupe de Patrick Persée, ou avec Alain Peters à qui Claude Francesconi avait ouvert son studio d’enregistrement « Les créations du Verseau ». Un jour les deux compères eurent envie de travailler ensemble à la composition et à l’écriture. Ils avaient en tête un style de musique bien précis, un savant mélange de rythmes tribaux, de lignes de basse très mélodiques à la Alain Peters, et de sonorités rock et maloya.

C’était il y a trois ans. Les gars ont pris leur temps pour réunir l’équipe actuelle et sont aujourd’hui satisfaits de l’alchimie qui règne entre les musiciens. Ils voulaient un groupe avec un bon état d’esprit où chacun pourrait exprimer sa personnalité et s’adapter aux compositions exigeantes. Des musiciens professionnels les ont donc rejoint. Ce fut le cas de Miguy Petrel, la chanteuse à la voix chaude et puissante, qui fut choriste de Zizkakan et de Baster. Puis de Pascal Raymond, au clavier et à l’accordéon, qui avait joué sur les albums de Leïla Negrau et travaillé les arrangements de Ti Fock. Enfin Thierry Lebonne à la basse, le créateur du groupe Bankoul, et Didier Dijoux aux percussions, ont intégré la formation.

Voilà pour l’historique du groupe. Je leur demande de m’expliquer ce qui a motivé le choix du nom du groupe. On a passé de longues soirées à chercher un nom ! me disent-ils. On est tombé d’accord sur Kalouban’ parce que ce nom évoque beaucoup de choses. Il y a plein d’interprétations possibles, chacun y voit un peu ce qu’il veut. Il y a ce côté « pilon », qui évoque un peu notre musique, très rythmée avec un gros son rock qui déménage bien. Et puis bien sûr il y a un hommage à Danyel Waro (on se souvient de la chanson Banm Kalou)... Les influences rock et maloya sont donc bien revendiquées. J’essaie d’en savoir plus. Nous sommes déterminés à jouer ce style de musique où toutes nos influences se mélangent, revendiquent-ils. Quelles sont alors ces influences ? Ils citent en vrac les Pink Floyd, Led Zeppelin, Alain Peters, Carousel, Danyel Waro, l’afrobeat de Fela, Zappa...

Je pourrais rester des heures à les écouter. Ils connaissent bien leur sujet, me parlent de composition, de rythmes tribaux, de leurs textes, de poésie...mais il faut bien qu’ils travaillent un peu. Les voilà à nouveau sur la petite scène aménagée dans le jardin. Je les écoute. C’est vrai que toutes les influences citées plus haut sont bien présentes. Le clavier balance des nappes sonores plannantes et envoûtantes qui ne sont pas sans rappeler l’esthétique des Pink Floyd. Miguy a une voix qui déménage. Les percus, variées (kayamb, darbuka, roulèr, karon brésilien...), renforcent le côté tribal, africain. Tous semblent être heureux d’être ensemble.

Je leur pose une dernière question. Je voudrais savoir pourquoi on les voit si peu sur scène alors qu’ils en ont tellement l’habitude. C’est sûr, ils aiment ça. On adore ça, me disent-ils en choeur et on est prêt ! Le groupe a fait une première scène très réussie lors du dernier festival de Manapany mais rien ne s’est présenté depuis. Ils sont à la recherche de grosses scènes, n’ont plus très envie de ramer dans les bars comme des débutants. Pour l’instant les salles conventionnelles font la sourde oreille, mais leur son est bien puissant et personne ne devrait y rester sourd plus longtemps. Alors, avis aux programmateurs ! Un groupe de musiciens professionnels a vu le jour à la Réunion, soyez moins frileux et faites leur confiance, ils sont prêts !


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