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Il n'y a pas eu de campagne électorale. Reste l'élection.

Publié le 20 avril 2007 par Critikacid
Tout les journalistes (procĂŠdant comme toujours comme s'ils ĂŠtaient irresponsables en l'affaire) constatent que "pas un sujet n'a tenu 48 heures" dans la "campagne".
Autant dire : il n'y en a pas eu. Le débat de fond a été escamoté totalement, les pires supercheries rendues possibles et noyées dans le Maelström médiatique.
Pourquoi?
Déjà, parce qu'en France, la presse quotidienne, et pis encore la télévision, est indigne ("les médiocres médias sont la chambre d'écho, de la propagande mondiale et des ragots locaux. La guerre a son jingle, la mort a son logo, l'écran nous sert tout mais l'écrou nous serre tant", disait le poète que nous citions ici même il y a peu)
On a battu des records en la matière cette fois-ci, à commencer par TF1 qui a organisé dans une émission à forte audience la disparition même de la fonction de journaliste, au profit de celle d'animateur. Mais n'était-ce pas là faire exploser la vérité, car quand a-t-on vu les journalistes s'en prendre aux puissants à la télévision?
Du coup c'est un véritable escamotage qui a été organisé, celui du programme de choc de Nicolas Sarkozy.
L'interdiction du droit de grève dans le public, sa limitation dans le privé ? Nul n'en parle. La suppression de centaines de milliers de postes dans l'administration (comme si le nombre de chômeurs dans ce pays n'était pas assez élevé, ou les besoins en service public satisfait!)? Silence. La destruction du contrat de travail à durée indéterminée? Pas un mot!
C'est  proprement stupéfiant :  il s'agit de questions dont les répercussions concernent l'immense majorité des français, et on les a remplacé par un kaléidoscope répugnant d'images sans sens. Que dire ainsi du "travailler plus pour gagner plus", qui affirme en préalable que les "35 heures" seraient une sorte de plafond, alors que nul n'interdit aujourd'hui les heures supplémentaires où que ce soit - et que les "35 heures" ont signifié dans de nombreux secteurs un accroissement de la flexibilité? Et aucun "journaliste" n'a remis en cause quelque assertion que ce soit de Sarkozy.
Escamotage, et escroquerie.
Prenez Bayrou. Comment a-t-il pu se présenter comme un "homme neuf", "ni de droite ni de gauche, bien au contraire"? Pas un journaliste n'a rappelé que l'UDF a soutenu et voté l'essentiel des "réformes" entre 2002 et 2007, regrettant même qu'ellesn'aillent pas assez loin. Pas un journaliste n'a remis en cause ce "ni droite ni gauche" de la part du candidat d'une formation qui, dans toutes les régions de France, est associée à l'UMP. C'est une escroquerie incroyable que de présenter Bayrou comme capable de battre Sarkozy, puisque Bayrou, c'est le même programme que Sarkozy, tout juste enrobé dans de la sauce béarnaise.
Escamotage, escroquerie et désinformation permanente, avec le déferlement de "sondages" qui ne veulent absolument rien dire, qui donnent des chiffres contradictoires le même jour selon les instituts, lesquels "sondent" quelques centaines de personnes qui ont l'heur d'être disponible entre 17 et 21 heures, et de disposer d'un téléphone fixe. "Ils sont si veules qu'ils disent ce que les sondés veulent, mais le dégoût est insondable" comme le chantait le même.
Mais la télévision n'est évidemment responsable que dans la mesure où les partis qui ont les moyens de dénoncer cette escroquerie ne l'ont pas fait. La responsabilité de Ségolène Royal et du PS à cet égard est terrible, eux qui ont refusé délibérément la "polémique". Pourquoi ne pas rejeter le combat politique tant qu'on y est!
Si, dans un pays où la presse et la télévision n'étaient pas à la botte du pouvoir, les abus de bien sociaux caractérisés des Sarkozy et Chirac auraient dû les contraindre à la démission depuis longtemps, les déclarations fantaisistes de Royal sur les questions de politique étrangère auraient dû amener au même résultat.
Mais il est vrai qu'à ce régime, la politique extérieure est devenue un hochet accessoire, personne n'ayant eu à se prononcer sur quoi que ce soit. Quant au reste, le PS et Royal oscillant au gré des sondages du jour ont brillé par leur absence de constance et de volonté, comme en témoigne le "Contrat Première Chance" improvisé, nous a-t-on dit, dans une voiture par la grande prêtresse guindée de la "démocratie participative". Peut-être a-t-elle consulté son chauffeur?
Il n'y a donc pas eu de campagne électorale, mais une démonstration du cirque médiatique appelé improprement "démocratie".
Mais il y a une élection.
Les enjeux sont clairs : Sarkozy et Bayrou, aiguillonné pour le premier des deux par Le Pen, ne peuvent mettre en oeuvre d'autre programme qu'un programme de guerre contre la majorité de la population. Royal ne vaut rien de bon, mais sa victoire électorale signifierait le rejet du programme des étoiles jumelles de la droite parlementaire, et en conséquence serait un moindre mal, à défaut d'être un bien.
Il y a plusieurs façons d'exprimer cet enjeu au premier tour, Royal, ou Buffet, voire les deux candidats d'extrême gauche qui ont soit dit en passant ouvertement renoncé à changer la société, comme l'attestent leurs professions de foi lesquelles ont en commun de proposer pour l'essentiel "une autre répartition des profits", bref un programme à droite de celui du "programme commun" des années 70, et un programme qui ne se demande pas une seule seconde pourquoi cette répartition des profits a basculé ainsi dans le sens du Capital ces vingt dernières années.
Mais si au second tour Royal réussissait à être absente (et rien ne dit effectivement que Le Pen n'y sera pas, les principaux candidats ayant fait campagne pour lui mieux que lui-même), une autre question se poserait, et elle se posera de toute façon, celle de l'existence même du PS et du PCF.
Or la disparition de ces partis, leur explosion possible, serait un pas en avant gigantesque pour la dictature de l'entertainment qu'ici on combat, la dictature de la consommation et de ses "valeurs" sur toute la société, sur les mentalités, qui bénéficie aux groupes qui produisent les marchandises de tout genre dont on nous gave.
A méditer d'ici dimanche, dimanche... et après!

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