Commencé comme un récit, presque enfantin, de l'initiation d'un jeune garçon destiné à devenir le plus grand des mages, et qui devra pour cela affronter ses peurs et ses ombres, se dépouiller de sa vanité, la trilogie Terremer s'est poursuivie en une sorte de conte philosophique soulignant à sa façon la nécessité pour la vie humaine d'avoir une perspective, une direction pour aboutir. Elle fut prolongée par deux autres livres abordant plus frontalement les rapports de domination entre les hommes et les femmes.
La quête de la vérité et les rapports de domination travaillent d'ailleurs Ursula Le Guin au point qu'elle produisit une autre fable, elle aussi revêtue des habits littéraires du "fantastique" et de la "science fiction", fable intitulée "les dépossédés", imaginant un monde (une vieille lune, en fait), fonctionnant selon les principes du communisme.
Mais de Terremer il ne reste que les habits, le corps n'y est plus. On retrouve dans ce dessin animé les préoccupations habituelles, vaguement écolo-pacifistes sans grande portée, qui imprègnent les précédentes réalisations des studios Ghibli, notamment Princesse Mononoke. On y retrouve aussi les mêmes effets spéciaux et visuels, presque les mêmes visages, bref, à l'instar du Gebbet, ce monstre issu de l'ombre dans la saga d'Ursula Le Guin qui revêt l'apparence de ses victimes, l'industrie du cinéma d'animation japonais a vidé Terremer de l'eau fraîche qui y coule et en a fait une coquille vide.
Terremer est une oeuvre qui fait grandir. Les studios Ghibli, eux, dont on a pu parfois apprécier le talent et même la poésie (Le voyage de Chihiro), n'en sortent pas grandis.
