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Un hiver avec Baudelaire

Par Madame Charlotte

baudelaireAuteur: Harold Cobert
Éditeur : Héloïse d’Ormesson
1ère édition : 2009
Nb de pages : 266
Lu : mai 2009
Ma note 4

4ème de couverture :
Sa femme l’a mis dehors, son CDD n’est pas prolongé. Philippe est happé dans la spirale infernale et passe de l’autre côté de la barrière sociale : SDF, confronté à la dure loi de la rue, faite de solitude, de honte et de violence. Jusqu’au jour où il rencontre Baudelaire. Grâce à cet inénarrable compagnon d’infortune, et avec l’aide d’un vendeur de kebab, d’une riche veuve et d’une dame pipi, il réussit à remonter la pente. Et à retourner à une vie normale. Plongée sans fard dans le quotidien des plus démunis, Un hiver avec Baudelaire, en mêlant romanesque et vérité sociale, poésie et âpreté, rappelle cet équilibre précaire qui régit nos vies.

Mon avis
Ce livre m’a été chaudement recommandé par Tatiana de Rosnay lors de la Comédie du Livre. Le début de son résumé, fort enthousiaste, me laissait penser qu’il ne serait pas bon du tout pour mon moral de me plonger dans une histoire de SDF, le genre d’histoire qui vous plombe l’humeur un peu plus de par son réalisme et son actualité. Puis vint l’argument décisif : un chien change la vie du jeune SDF. Un brin de poésie dans un monde de brute. Il n’en fallu pas plus pour me convaincre, que voulez-vous je suis comme ça moi !

Je n’ai donc pas tardé à le lire, d’autant que l’illustration de couverture, signée Christine Cobert, est magnifique, et annonce bien le ton et l’esprit du livre : tendre, sobre, poétique.

Le récit, écrit au présent pour plus de réalisme, s’en tient aux faits. Pas de fioritures ou d’effets de manche à faire pleurer dans les chaumières. La dégringolade sociale de Philippe est simple et  inéluctable. Une succession de causes et d’effets malencontreux dont l’issue immédiate est la rue. Simple, mais pas simpliste, réaliste, mais pas misérabiliste. Le roman s’ancre dans notre (triste) époque sans en faire trop. Déprimé par son divorce, ignorant ses droits en tant que chômeur, le héros se laisse sombrer assez vite, donnant l’impression de s’auto-détruire. La chute tient à peu de chose. Le manque d’information, la déprime, la peur, le découragement, tout contribue à tirer Philippe vers le bas, jusqu’au moment, bien vite arrivé, où il se retrouve de l’autre côté, sans adresse, sans compte en banque, sans preuve sociale de son existence. Commence alors la survie dans la rue, la manche, la recherche d’un endroit où se poser la nuit.

Puis un jour la rencontre a lieu, et on tombe dans la pure poésie. Le chien qui sauve l’homme d’autres hommes, qui le guide. Ce chien, baptisé Baudelaire, joue un rôle aussi bref que capital dans la vie de Philippe. Sa présence le réconcilie avec celles des hommes, lui redonne l’espoir perdu au fil des mois de sa déchéance. D’autres rencontres contribueront à le rendre à la société, mais celle de Baudelaire sera la première à lui montrer la voie.

Si vous ne le saviez pas déjà, ce livre met l’accent sur le fait que tout peut arriver, que rien n’est acquis, que la dégringolade peut toucher tout le monde n’importe quand, tout n’étant qu’une question de circonstances. Et si vous êtes un tant soit peu sensible au monde animal, en l’occurrence aux chiens et aux hommes (oui l’homme en est !), ce roman ne pourra que vous toucher.

Je cite pour finir ce passage repris dans le roman, extrait du Spleen de Paris de Baudelaire, et que je trouve sublime :

Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l’homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels “Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur!”

Note: Une partie des droits de ce livre est reversée au Fleuron Saint Jean, la péniche largement évoquée dans le livre qui accueille les sans-abris ainsi que leurs chiens.


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