Magazine Culture

Anonyme : "De la dame écouillée"

Par Schlabaya
" Maudite soit la femme qui méprise son homme !" Cet aphorisme, inscrit en quatrième de couverture, résume bien l'esprit de ce fabliau.
Dans ce conte cruel, il est question de la femme, de son infériorité naturelle, et de sa propension diabolique à vouloir prendre le dessus sur son seigneur et maître. Mais il revient à l'homme de s'imposer, en usant des pires violences s'il le faut, pour que l'ordre voulu par Dieu soit rétabli.
Un noble seigneur craint sa femme irascible et, par lâcheté, la laisse régenter sa maisonnée. Livrée à elle-même, son épouse revêche met à mal l'autorité, la dignité, la virilité du chef de famille; l'équilibre social tout entier en est menacé. Il convient donc de sévir, et c'est ce que fera son gendre. La férocité dont fera preuve le comte de la fable envers ses chiens, son cheval, son cuisinier, sa femme, et jusqu'à sa belle-mère, pour démesurée qu'elle soit, trouve sa justification dans un système de valeurs propre à l'époque féodale. L'ordre social devait d'autant plus être défendu qu'il était fragile et sans cesse remis en cause. Si la subordination du féminin au masculin était sans cesse réaffirmée, c'est qu'elle n'allait pas de soi. Les "maîtres à penser" de l'époque s'évertuaient donc à dépeindre la femme comme faible, dépravée, potentiellement dangereuse, et exhortaient leurs seigneurs (pères, maris, frères) à les tenir sous tutelle, dans leur propre intérêt. Il en allait de l'architecture même de l'édifice social. Le rôle d'un tel ouvrage dans la société de son temps peut être comparé (toutes proportions gardées) à l'émission de télé-réalité "Super Nanny", dont la mission consiste à défendre une conception conservatrice de la société et de la famille (reconnaissons cependant que l'émission, elle, ne cautionne pas les violences éducatives !)
Ce fabliau, traduit du vieux français et préfacé par Claire Debru,
présenté en version bilingue, est plaisant à lire malgré (ou à cause de) ses outrances. Loin de moi l'idée de défendre la morale qu'il véhicule ! Néanmoins, bien que féministe, je crois qu'il faut savoir faire la part de l'humour (gore et de mauvais goût, je l'avoue !) et du contexte historique et social.
  


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Schlabaya 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines