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Mon frère, pourquoi lis-tu?

Par Gangoueus @lareus
Il y a peu, alors que je lisais paisiblement un ouvrage sur le quai d’une gare, attendant que ma chère et tendre arrive, je me suis fait violemment apostropher par un alcoolique. Disons un homme saoul. Oh ! Je n’ai pas reçu une trempe, mais j’ai eu du mal à me remettre de la claque qu’a produit sur moi le nuage fortement chargé de vapeurs alcoolisées que dégageait l’ haleine de mon interlocuteur éméché quand il me posa les yeux dans les yeux la question existentielle : « mon frère, pourquoi lis-tu ? »
Le temps de me remettre des gaz toxiques que j’inhalais à l’insu de mon plein gré et de la question abrupte que seul un saoulard peut poser à un inconnu, notre ivrogne s’était lancé dans un plaidoyer sur les bienfaits de l’empirisme, l’expérience personnelle, profitant au passage pour énumérer quelques hauts faits de son parcours terrestre, guerres dans son pays d’origine dans lesquels il semblait ne pas avoir été un simple spectateur. Ce qui était hilarant, quoique je me gardais d’exprimer un quelconque signe extérieur de gaîté, c’est que ce monsieur qui s’était imposé à moi, finissait ces séquences par le fameux « Mon frère, pourquoi lis-tu ? ». Et avant même que j’eusse esquissé un semblant de réponse, le voilà reparti dans son monologue.

Il y aurait des tas de choses à dire. Comme cette fraternité soudaine que font souvent naître quelques litres de bière drument ingurgités. Un frère arabe, j’aime cette idée. J’étais son frère même s’il avait peu de temps à accorder à mon point de vue. Je mettais sur le compte de son ébriété.
A vrai dire, la situation m’arrangeait, car je réalisais qu’il ne serait pas un exercice de tout repos d’expliquer l’évidence du bienfait de lire. A une personne ivre, imbue d’elle-même et convaincu de son argumentaire. Comme il le disait, ce sont des intellectuels, de grands lecteurs devant l’Eternel qui avaient fomenté les guerres dans son pays. De plus, s’il rejetait avec une virulente énergie, l’idée de délégation dans laquelle s’enferme souvent des lecteurs comme moi. Une sorte de vie par procuration du lecteur avec certains auteurs (le langage de notre ami n’était pas aussi châtié, mais je retranscris) qu’il opposait à son histoire faite de cuites, d’exploits militaires et d’expériences « riches » au vu des données que me fournissait notre échange.

Pour une fois, dans cette rubrique Opinions personnelles, je solliciterai la vôtre.

Que répondriez-vous à cet ivrogne, sur un quai de gare, entre deux passages de RER, sur l’intérêt, la nécessité et les bienfaits de la lecture en général?

La parole est vous. Je vous ferai part de ma propre opinion dans une prochaine rubrique, et promis, je ne vous piquerai pas vos réponses :o)

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