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Rencontres vendéennes autour du vin (5) : les repas du vendredi

Par Eric Bernardin

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Laurent en pleine action

On va parler un peu de nourriture, mais elle aura malgré tout un rôle relativement secondaire. Car elle est plus là pour éviter que nous nous écroulions d'inanition qu'autre chose. Rendons tout de même hommage au maître des lieux qui est un gastronome averti et nous sert durant notre séjour des mets de première qualité.

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Chaque repas démarre avec des crevettes grises accompagnées de beurre d'Echiré. Je me demande si les crevettes ne sont d'ailleurs pas un prétexte pour tartiner à n'en plus finir ce très bon beurre sur le pain frais. Pour continuer la dégustation de blancs du Roussillon, j'ai ouvert une bouteille de fleurs de lies de Ferrer-Ribière. Comme son nom l'indique, ce vin provient des lies des différentes cuvées de blanc du domaine qui ont été assemblées, décantées et filtrées. Cela donne un vin très aromatique, sec, tendu, idéal pour des tapas ... ou des crevettes !

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Puis nous passons aux choses sérieuses : dans mon assiette, une andouillette de chez Bobosse, la plus grosse que j'aie jamais mangé de ma vie (250g pièce). A l'intérieur que du menu de porc, pas gras du tout, si bien que ça passe tout seul ! Pour que ça descende tout seul, un peu de liquide...

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Château Astacus 04 : nez assez évolué sur les fruits compotés et les épices. Bouche ronde, aux tannins vite asséchants et à la finale dure. Boooof. Pour sa défense, la personne qui l'avait amené ne l'avait jamais bu. Pas bien de nous faire essuyer les plâtres !!!!

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Tissu de Syrah 2007
, domaine Alyssas : j'avais dit il y a deux ans tout le bien que je pensais de cette cuvée et de son géniteur Laurent Bès. Le 2007 est assez différent, plus typé rhône sud que nord, avec des arômes d'olive noire, de réglisse. La bouche est un peu moins aboutie que le 2005, mais reste néanmoins très soyeuse et bien équilibré. Une référence incontournable du Tricastin.
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Saint Joseph 06
, domaine Curtat : joli nez d'une belle complexité sur les fruits noirs et les épices. Bouche douce, veloutée, avec une bonne fraîcheur. Finale un peu dure.

Et voici un moment que nous attendons tous. Olif nous explique que Thierry Meyer qui travaille pour le guide Bettane et Desseauve a bu cette cuvée il y a peu et a déclaré que c'était le meilleur pinot noir qu'il ait bu depuis longtemps, précisant qu'il est allé il y a peu  la Romanée Conti. Vindiou, ça promet !...

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Cuvée Julien 07, domaine Ganevat : nez un poil fermentaire sur les fruits rouges. Bouche fine au fruit très pur. Tannins très doux. Belle persistance. C'est très bon, très agréable, mais il a dû quand même abuser du savagnin vert, le garçon. Difficile de croire que ça dépasse les plus grands pinots noirs bourguignons !...
Pour finir, une bouteille ouverte au dernier moment par Philippe Gallard (le maître des lieux évoqué plus haut) :

Côte rôtie 91
, maison E. Guigal : nez évolué sur les fruits compotés, le poivre et la fumée. Bouche douce, évoluée, aux tannins fins. Finale se durcissant avec une dissociation tannins/alcool. Un peu en fin de course...

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Je ne peux terminer ce repas sans parler des glaces qui nous sont servies. Elles sont à mourir ! Là, c'est chocolat quanaja et mangue (le lendemain, j'ai pris pistache et confiture de lait).

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Après la dégustation de Sébastien David, le patron nous a offert un apéritif de premier ordre : le Poiré d'Eric Bordelet en magnum ! Je l'avais déjà bu auparavant, mais je ne m'étais jamais autant régalé (le format magnum?). Que ce soit au nez, en bouche ou dans la longue finale, de la quintessence de poire, fine et aérienne. Vraiment très bon !

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Le thème du repas du soir étant les fruits de mer, c'était "Blanc only" pour les vins.  Comme demandé, j'avais fourni un vin blanc et vif : il n'a pas été servi ce soir-là, car c'était également un Bourgogne. Et que demain soir, un repas "bourgogne" était prévu. Par contre, d'autres avaient amené des blancs pas franchement adaptés "fruit de mer". Et la discipline, hein???

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Muscadet 06 "cuvée des ceps", Chasseloir de Saint Fiacre : nez fin entre le beurre et le citron. Bouche droite, vive, avec une bonne fraîcheur. Finale agréablement astringente. Bien, mais je préfère les vieux millésimes de ce domaine.

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Muscadet 06 "Clos des Briords
", château de la Pépière : nez sur les agrumes confits. Bouche ample, mûre, cristalline, avec une belle tension. Très beau : explose en plein vol le vin précédent !

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Fleur de vigne 08, Domaine Alyssas : nez sur l'abricot, la pêche, un soupçon de vanille. Bouche à la fois grasse et tendue, d'une belle finesse. C'est très réussi (aussi bien que le tissu de Syrah évoqué plus haut), mais n'a pas grand chose à faire dans une soirée "fruits de mer". Grrrrrr!

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Sauvignon 2006
, domaine barbeau (VDP charentais) : nez sur le citron confit. Bouche ronde, mâchue, très aromatique. Finale puissante, un peu alcooleuse (et un poil sucrée). Dur à situer géographiquement (on est en aveugle total).

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Cour Cheverny "Cuvée François 1er"
, domaine des Huards : nez sur l'encaustique et la verveine. Bouche ample, élancée, riche et puissante. Belle matière. Longue finale. L'aromatique du Romorantin plait ou non. Moi, j'aime bien :o)

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Saint-Véran 08, côtes de Molière : nez très chardonnay, sur la pomme et la noisette fraîche. Bouche ample, vive, de belle intensité, avec un certain gras. Belle finale. J'aime beaucoup son naturel. Pas totalement surpris lorsque j'apprends qu'il est vinifié par le même domaine que le Beaujolais très apprécié la veille. Et comme Sébastien David, je rencontre ses propriétaires le 22 juin à Bordeaux. Quelle journée !

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Beaujolais blanc 07
, Terres dorées : nez discret sur l'amande fraiche et les agrumes. Bouche vive, un brin frizzante, puis se faisant plus ronde. Bouche croquante, bien équilibrée, aux saveurs citronnées. Finale sur le zeste de pamplemousse. Y a bon !!!

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Riesling Grittermate 06
, domaine Julien Meyer : nez étonnant sur le "paic citron" (ce citron qui sent tellement plus que le citron).  Bouche fraîche, avec une belle mâche et toujours ce citron absolument surréaliste. Finale sensuelle, douce.
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Côtes du Jura 99
, Cellier des Chartreux (Chardonnay non ouillé) : au moment où j'ai mis le nez dessus (froment grillé, épices, curry), je me suis demandé pourquoi ce vin était servi là, maintenant. Ca n'allait pas franchement bien avec les fruits de mer, et il a assommé le vin suivant qui n'avait rien demandé. Mais bon... Sinon, il était bien. Bouche ample, douce, très linéaire. Finale bien épicée.

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Anjou blanc 07
, René Mosse : nez sur la pomme, légèrement anisée. Bouche mâchue, gourmande, avec l'impression de croquer dans une pomme citronnée. Finale savoureuse.

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Anjou blanc "le rouchefer" 07
, René Mosse (ils sont taquins, nos organisateurs, de servir deux vins du même domaine à la suite) : nez minéral sur l'agrume confit et la pomme mûre. Bouche ample, grasse et vive. Très belle matière, vibrante. Finale mâchue, dense. Très beau !

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Les Oliviers 07, Jean Louis Denois (Pays d'Oc, Roussanne) : nez sur la pêche, l'abricot, le miel. Bouche mûre et fraîche, avec un beau gras. C'est très gourmand. Finale tendrement astringente. J'ai parlé du millésime 2006 de cette cuvée ICI.

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Hermitage 97 "chante alouette"
, Chapoutier : bon, vous, c'est pas drôle, vous voyez le nom du vin avant la description (je devrais mettre le noms des vins qu'à la fin du post, à l'envers et il faudrait retourner l'écran pour voir la solution, tiens !). Mais nous, on se demandait ce que c'était que ce vin... Nez un peu réduit, sur des notes de truffe  blanche et d'encaustique. Bouche vive, tendue, à la matière minérale et saline. Le vin s'arrondit avec l'aération et devient plus aimable. C'est fou, on dirait un hermitage ! ;o)

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Avec les fromages, on passe aux vins jurassiens...

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Côtes du Jura 06, Jean Macle : nez sur la pomme, la croûte de comté, les épices. Bouche très ample, intense, d'une grande quiétude. Le vin vous envahit tranquillement le palais pour ne plus vous quitter. Limite flippant.

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Savagnin vert 06
, domaine Ganevat : nez grillé, épicé. Bouche très vive, élancée, avec une acidité tranchante qui vous secoue le palais. Fin mâchue intense, prégnante même...

Château Chalon 2000
, Jean Macle : nez très "éthanal" qui me dérange un peu. Bouche plus ample encore que le côtes du jura, s'insérant dans le moindre petit espace vide de votre palais et refusant de s'en déloger. Finale puissante, et longue, très longue. Ceci dit, c'est un infanticide. Ce vin sera très supérieur dans une vingtaine d'années.

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Nous avons conclu ce repas avec une belle salade de fruit, savoureuse et rafraîchissante. Sans vin. Après un Château Chalon, il faut savoir s'arrêter...

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