C’est curieux le déni qui caractérise les partis les plus europhobes (oui, appellation que je trouve plus honnête que le pudique « -sceptiques » dont ils se font trop souvent un bien mauvais cache-sexe).
L’argument le plus trans-partis et donc le plus entendu (de Dieudonné à Lutte Ouvrière, Du Front National à Besancenot) est de prétendre que le Parlement Européen ne sert à rien.
On peut déplorer qu’il n’ait pas davantage de pouvoirs, mais certainement pas qu’il n’en a aucun, ni même que ceux-ci ne soient que symboliques.
Mais peut-être n’y a-t-il pas là qu’une volonté de dépeindre une Europe qui correspondrait à leur fantasme (décisions occultes, inutilité du vote et donc de la volonté citoyenne, etc.) en gommant tout ce qui pourrait nuancer (pour ne pas dire réfuter) cette vue.
Les élections européennes n’ont beau traditionnellement fabriquer que des vainqueurs
(« D’ailleurs les français ont clairement signifié leur soutien du Gouvernement en plaçant la liste de la majorité en tête. » Vs« Le peuple français qui, à plus de 70%, a voté contre la majorité actuelle ne pouvait montrer plus nettement ce désaveu. »),
les souverainistes de tous bords ont sûrement la nostalgie d’une époque pas si lointaine où ils étaient triomphants. En appelant plus ou moins subtilement à l’abstention, ils s’offrent ainsila possibilité d’un score sans aucun rapport avec les misères qu’on leur promet actuellement.