
Suite chronologique du Journal d'un ingénu, le délicieux opus pondu par Émile Bravo et largement plébiscité par la critique, Le groom vert-de-gris a pour théâtre la Belgique occupée. Nous sommes en 1942, Spirou, résistant infiltré dans le siège de la Gestapo, use de ses habits de groom pour capter les informations nécessaires au sabotage des opérations de l'envahisseur. Son ami Fantasio, qu'il ne peut mettre dans le secret, s'efforce maladroitement de lutter contre la botte nazie à coup d'inventions farfelues, tout en travaillant au journal Le Soir ; l'équivalent de notre Monde ;, connu pour ses activités de collaboration. C'est donc dans une course en chassé-croisé que les deux compères vont vivre et œuvrer pour la chute du régime nazi.


Pas facile de résumer un tel scénario, complexe et fouillé. Des protagonistes potentiels surgissent à chaque page et s'ils pimentent l'intrigue c'est au détriment de la facilité de lecture. Ceux d'entre vous qui connaissent un peu la BD belge seront assommés par les citations qui truffent les quelque soixante pages de ce tome. On y voit en vrac Monsieur Sanzot, Hergé, Quick et Flupke, le Docteur Müller, Poildur, Bob Fish, et tellement d'autres. J'adore ces personnages, mais là c'est un peu excessif. Olivier Schwartz a retranscrit tout cela avec un dessin volontairement désuet qui colle à l'esprit rétro de la BD, pour un résultat appréciable.
Si on prend un certain plaisir à parcourir cette BD hors-norme et travaillée, ce Groom vert-de-gris n'est pas le meilleur volume des aventures parallèles de Spirou. Ce qui la place sur le devant de la scène est le parti pris du scénariste de mêler résistance et collaboration, et de les traiter sur un même plan. Joan Sfar y a vu la marque de l'antisémitisme, ce dont se défend Yann.

Après tout, ce n'est que mon humble avis...
Le groom vert-de-gris, Par Yann et Schwartz, publié chez Dupuis, 13,50 €