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7 juin 2008/Mort de Dino Risi

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


   Le 7 juin 2008 meurt à Rome le réalisateur italien Dino Risi.


   Psychiatre de formation, Dino Risi, né à Milan le 23 décembre 1917 consacre ses loisirs au cinéma. D'abord assistant d'Alberto Lattuada avec qui il réalise Giacomo L'Idealista (1942), Dino Risi commence sa carrière de critique de la société contemporaine avec des documentaires et des courts-métrages imprégnés de la sensibilité néo-réaliste propre à cette époque.
   À partir de 1951, Dino Risi se fixe à Rome et se consacre entièrement à sa passion. Le premier grand succès personnel de Dino Risi est le film Poveri ma belli (Pauvres mais beaux) réalisé en 1956, dans lequel le réalisateur met en scène de jeunes Italiens confrontés aux nouvelles réalités économiques du pays. Suivent trois grandes fresques sur l'Italie du XXe siècle, prise dans ses contradictions : Una Vita difficile (1961), Il Mattatore (1962), La Marcia su Roma (1963). La rencontre avec de grands acteurs tels que Alberto Sordi (Il Vedovo, 1959), Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman (I Mostri, 1963), Nino Manfredi (Vedo Nudo, 1969) permettent à Dino Risi d'exploiter son goût pour la critique sociale, incisive et drôle avec des comédies raffinées partagées entre optimisme et mélancolie.


PROFUMO DI DONNA

   Avec les années 1970 s'ouvre la période la plus féconde de Dino Risi. En 1974, Dino Risi réalise Profumo di Donna (un de mes films cultes), comédie cruelle, emplie de dérision et de cynisme. Le rôle principal de Fausto est interprété par Vittorio Gassman. Officier aveugle et manchot, tyrannique et exubérant, Fausto poursuit de ses obsessions les femmes qu'il repère à leur parfum. Accompagné de Ciccio (Alessandro Momo), un jeune cadet que l'armée lui a procuré, Fausto, dont l'odorat est décuplé par sa double infirmité (qu'il doit à des maniements d'explosifs) n'a de cesse qu'il ne débusque toutes celles qui se présentent sur son passage. Film amer autour de la solitude, Parfum de femme culmine dans sa drôlerie avec la scène inoubliable sur la terrasse d'un petit restaurant qui surplombe la baie de Naples. De comique, le film évolue vers le tragique. Vittorio Gassman est récompensé par le Festival de Cannes 1975 où il reçoit le prix d'interprétation pour son rôle qu'il incarne. Un rôle très agressif que l'acteur s'est appliqué à concentrer dans son regard :

   « Je me suis efforcé, avec l'aide de Risi, de ne pas diffuser cette agressivité de manière technique dans le corps, dans la voix, et de la limiter au regard, celui d'un aveugle, en l'occurrence. Parce que, sur un écran, le regard est à la fois l'élément le plus frappant et le moins chargé de sens : la parole et l'ouïe constituent les vecteurs rationnels, sémiologiques, de la communication, alors que les yeux relèvent encore d'une zone mystérieuse. Les yeux sont comme des enfants, comme des fous... Et c'est, je crois, l'arme fondamentale au cinéma. »

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


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