Magazine Culture

Tout ce que l'on ne sait pas sur les médicaments

Par Cafatica

Effets secondaires gravissimes, invention de maladies imaginaires, laxisme d'autorités sanitaires bienveillantes... Dans "Ces médicaments qui nous rendent malades" (aux éditions du Cherche Midi), le Dr Sauveur Boukris, lui-même médecin généraliste, dénonce les dangers des médicaments. Un livre qui accuse, où l'on découvre les effets secondaires gravissimes de médicaments consommés couramment, l'ignorance crasse de médecins formés, le plus souvent, à la seule école de l'industrie pharmaceutique, l'invention de maladies purement imaginaires pour l'unique profit d'entreprises florissantes (florissant sur le dos de notre santé), la partialité des experts, la force d'un lobby mieux organisé que jamais.... entre autres bonnes nouvelles !
Un livre que  je ne peux évidemment que recommander quand on connaît ma farouche opposition aux pressions diverses et variées du lobby pharmaceutique.
"Cette industrie a changé de politique", écrit en préface de l'ouvrage le Pr Philippe Even, président de l'Institut Necker (Paris) et farouche défenseur de l'indépendance de ses pairs. "On a privilégié les profits immédiats, le retour sur investissement rapide ; on a cherché davantage à satisfaire les actionnaires qu'à répondre aux besoin de santé des populations".
EXTRAITS
Tout ce que l'on ne sait pas sur les médicaments "En France, on estime le nombre de décès dus aux médicaments entre 8000 et 13000 par an. Deux à trois fois plus que ceux liés aux accidents de la route ! On compte près de 130 000 hospitalisations par an dues à des médicaments. Ce sont les plus de 65 ans qui paient le plus lourd tribut et qui sont les plus touchés par les accidents thérapeutiques. Les effets néfastes des médicaments sont deux fois plus fréquents après 65 ans, et 10 à 20% d'entre eux conduisent à des séjours à l'hôpital. Avec l'âge, le nombre de maladies augmente, et la consommation de médicaments aussi. De plus, le risque d'interaction du fait d'association de médicaments s'accroît !"
"Comme chez l'adulte, les effets indésirables des médicaments survenant chez les enfants sont une cause fréquente de maladie et d'hospitalisation. (...). Ce sont les enfants de moins de 1 an qui sont les plus touchés. (...) En 2005, la caisse d'assurance-maladie de l'Aude a publié une étude réalisée à partir des demandes de remboursement des médicaments prescrits pendant l'année 2001. Plus de 1000 prescriptions concernaient des AINS (anti-inflammatoires non stéroidiens), dont le choix n'était pas adapté à l'âge de l'enfant. 108 prescriptions contenaient de la niaprazine (Nopron), substance classée dans la famille des antihistaminiques commercialisée pour les troubles du sommeil de l'enfant. L'âge moyen des enfants était de 1,5 an, alors que le Nopron est contre-indiqué chez les enfants de moins de 3 ans ! (...) Enfin, 570 prescriptions concernait l'Eucalyptol (calyptol inhalant). Ce médicament est contre-indiqué chez les moins de 12 ans en raison du risque de convulsions. (...) En 2003, l'agence anglaise du médicament a estimé que 30 000 à 40 000 enfants et adolescents ont été traités par des antidépresseurs alors qu'aucun de ces médicaments n'avait obtenu d'autorisation pour cette tranche d'âge de la population !".
"En 2007, en Australie, le système de pharmacovigilance a alerté les médecins sur les troubles neuropsychiatriques provoqués par le zolpidem (Stilnox), de la famille des hypnotiques. Les troubles observés sont des hallucinations (104 cas) et des amnésies (62 cas). Mais le plus grave et le plus inquiétant, c'est la survenue de somnambulisme avec des comportements étranges ou inappropriés. (...) Une patiente a été observée en train de manger devant son réfrigérateur ouvert... alors qu'elle dormait. Elle a grossi de 23 kilos en sept mois. (...) Enfin, deux autres cas ont été signalés : des patients ont conduit leur véhicule alors qu'ils dormaient !"
"Les antalgiques aussi facilement prescrits et consommés que le paracétamol (Doliprane, Efferalgant, Dafalgan, etc.) peuvent induire des hépatites graves, dont certaines sont fulminantes, voire mortelles. Les psychotropes, dont la France détient le record européen de consommation, sont responsables de 10 à 30 % des hospitalisations en urgence, surtout chez les personnes âgées. Les antibiotiques, dont là encore les français sont le champions de la prescription, induisent des accidents cutanés de type allergique et, pour certains d'entre eux, des problèmes hématologiques ou rénaux. (...) L'acné chez les adolescents est banale ; le traitement par l'isotrétinoïne (Roaccutane) des laboratoires Roche peut provoquer des troubles psychiques graves. En mars 2007, la FDA (autorité sanitaire américaine) avait déjà signalé l'existence de troubles psychiques chez des patients prenant du Roaccutane ; entre 1982 et 2000, elle avait recensé 37 cas de suicide (24 pendant le traitement et 13 après), 110 hospitalisations pour dépression, idées suicidaires ou tentatives de suicide et 284 cas de dépression sans hospitalisation !"
"Catherine, 38 ans, vient consulter pour perdre du poids et en particulier quelques centimètres au niveau de la taille et des hanches. Je l'examine, et en effet son indice de masse corporelle (IMC) et son périmètre abdominal sont élevés. Le lui prescris Acomplia, le nouveau médicament indiqué contre l'obésité. Quelques jours après, elle est en dépression ! Elle m'appelle et se plaint d'être fatiguée, de ne pas avoir la force de se lever, d'avoir les larmes faciles et d'être plus irritable. Elle ne se reconnaît plus et dit ne pas avoir d'énergie pour s'occuper de ses deux enfants. Je ne comprends pas ce qui se passe, d'autant que je connais bien cette patiente : Catherine P. est une personne tonique et dynamique, toujours en mouvement. Je lui demande de faire des analyses de sang pour vérifier qu'il n'existe pas d'anomalie particulière, et je ne trouve rien. Quelques jours plus tard, je fais le rapprochement avec le médicament prescrit et je l'appelle : -Madame, prenez-vous toujours l'Acomplia ? - Oui, bien sûr. Je le prends tous les matins. - Alors vous allez l'arrêter dés aujourd'hui ! - Mais pourquoi ? demande-t-elle, inquiète - Je pense que c'est l'Acomplia qui a provoqué votre dépression !
Quelques jours plus tard, après l'arrêt du médicament, elle retrouve son énergie et son dynamisme. "
"En France, depuis le 1er juillet 2008, la vente de certains médicaments est autorisée en accès libre au grand public. Les laboratoires ont fait pression pendant des années auprès des pouvoirs publics pour accèder à ce marché de près de 2 milliards d'euros et de 423 millions de boîtes vendues en 2007. (...) Les avantages pour les compagnies pharmaceutiques sont surtout financiers, car les prix des médicaments d'automédication sont libres, ce qui permet de réaliser des marges substantielles".
"Le foie est l'organe du corps humain particulièrement visé par les médicaments car c'est souvent là que passent les métabolites. C'est la grande usine d'épuration des produits en général et des médicaments en particulier. De tous les cas d'hépatite aiguë, 10% sont d'origine médicamenteuse. Chez les femmes de plus de 50 ans, ce chiffre atteint 40%. (...) Le nombre de médicaments incriminés dans des cas d'hépatite approche le millier. Les spécialistes sont formels : devant une hépatite d'origine indéterminée, tout médicament doit être suspecté !".
"La revue Prescrire, indépendante des laboratoires pharmaceutique et riche de plus de 30 000 abonnés, pose directement la question : l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) est-elle avant tout au service des patients ou au service des firmes pharmaceutiques ? Et pour illustrer ses propos, elle cite des exemples. A partir de quatre médicaments (Di Antalvic, Agréal, Mediator et les coxibs), la rédaction de la revue Prescrire attaque l'Afssaps en lui reprochant sa lenteur excessive dans ses prises de position et son opacité. (...) Ainsi, le Di Antalvic : ce médicament, très connu et très largement prescrit (...), est un mélange de dextropropoxyphène et de paracétamol. (...) Il peut entraîner des troubles respiratoires et perturber le rythme cardiaque. En Suisse et en Suède, ce médicament a été retiré en raison du risque d'intoxication mortelle. Aux Etats-Unis, l'association de consommateurs Public Citizen a présenté à l'agence américaine du médicament une pétition demandant le retrait des médicaments contenant du dextropropoxyphène au vu des données du réseau Drug Abuse Warning Network, qui a recensé 2110 décès accidentels entre 1981 et 1990. En Angleterre et au pays de Galles, il est prévu que les autorisations de mise sur le marché des associations contenant du dextropropoxyphène soient retirées. En France, on a enregistré des décès mais le médicament n'est pas (encore) retiré ! Selon la caisse nationale d'assurance-maladie, l'association dextropropoxyphène et paracétamol  était au deuxième rang des médicaments les plus prescrits en 2006, avec environ 48 millions de boîtes".
"Toutes les données reçues [par les médecins] sur le médicament sont délivrées par la visite médicale, par la presse, par des congrès, par des experts universitaires. Au centre de ce dispositif se trouve l'industrie pharmaceutique ! [...] Les laboratoires financent les sources d'information et les moyens de la diffuser. Les dépenses de promotion réalisées par l'industrie pharmaceutique en France sont estimées à 12 ou 13 % du chiffre d'affaires, soit près de 3 milliards d'euros. La grande majorité de ce budget est consacrée à la visite médicale (75,8 %), puis vient la publicité (13,4 %), les congrès (8,6 %) et les échantillons (2,2 %). [...] La visite médicale est une véritable machine de guerre. Une enquête réalisée en 2007 sur 60 000 médecins généralistes montre que 20 % d'entre eux ont reçu plus de 40 visites dans le mois, 45 % de 11 à 40 visites et 32 % de 1 à 10 visites. Seuls 3,2 % des médecins interrogés n'ont reçu aucune visite dans le mois. On estime à 330 le nombre moyen de visites reçues chaque année par un médecin généraliste, soit 33 par mois environ, soit près de 2 par jour ! [Les visiteurs médicaux] étaient 9 000 durant l'année 1975 et sont passés à 17 500 en 1998 puis à 21 000 en 1999 pour atteindre 23 250 en 2005. [...] Aux Etats-Unis, dans l'affaire Vioxx, la commission de la Chambre des représentants, en analysant la stratégie commerciale du produit, a montré que le laboratoire avait donné des directives à son réseau de visite médicale pour minorer les risques cardio-vasculaires du médicament."
"Les laboratoires mettent au point des médicaments pour combattre des maladies mais fabriquent aussi des troubles pour développer un marché pour leurs médicaments. Les laboratoires pharmaceutiques inventent des médicaments pour sauver des vies humaines et réduire les souffrances, mais ils ne se contentent pas de vendre à ceux qui en ont besoin. Grâce à des budgets publicitaires colossaux et des campagnes de promotion efficaces, les firmes pharmaceutiques jouent sur nos peurs : peur de la mort, de la maladie, de la déchéance physique ou psychique, pour vendre des médicaments ! Des troubles mineurs sont décrits comme des affections graves : la timidité, par exemple, devient un trouble d'anxiété sociale, la tension prémenstruelle devient un trouble dysphorique prémenstruel. Etre un sujet à risque pouvant développer une pathologie devient une pathologie en soi ! Les stratégies marketing des firmes pharmaceutiques ciblent ainsi les bien-portants. [...] Un exemple de ce dérapage des laboratoires est celui du marché du dysfonctionnement sexuel féminin. Il fallait y penser ! Après le succès du sildénafil (Viagra), lancé en 1998, où le laboratoire Pfizer a vendu, dans le monde, plus de 1,5 milliard de ces pilules bleues, ce même laboratoire a voulu multiplier par deux son marché en cherchant l'équivalent pour les femmes".
Sauveur Boukris est médecin généraliste, enseignant à la faculté Bichat et Lariboisière et collabore à plusieurs revues médicales. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.


>> L'émission les médicamenteurs, diffusée ce soir mardi 9 juin sur France 5 à 20:35 (rediffusions le 21 juin à 21:30 et le 1er juillet à 00:20) revient sur le sujet. <<


Tout ce que l'on ne sait pas sur les médicaments

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cafatica 402 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte