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J'ai été déçu en voyant ce nouveau film de Pedro Almodovar, bavard et dont l'émotion m'a paru réchauffée et désarticulée. Enfin, déçu, pas vraiment... des amis rencontrés dans le hall de l'Utopia m'avaient quelque peu averti: "ce n'est pas le meilleur des Almodovar..." Mais je gardais espoir en pensant au magnifique "Volver" et aux très bonnes critiques qu'a reçues "Los abrazos rotos" depuis sa présentation à Cannes.Malheureusement, l'enthousiasme ne m'a jamais effleuré. J'ai suivi le film poliment, en me disant tout le temps "c'est sympa, mais bof". Ok, il y a Penelope Cruz, elle est super-belle comme d'habitude, mais cette fois elle a du mal à insuffler de la vie à son personnage. On la voit jouer un rôle, on voit en elle l'écriture par le scénariste. Tout comme le réalisateur Harry Caine/Mateo Blanco, tout comme tous les autres personnages, tout comme la mise en scène de Pedro Almodovar, qui semble embourbée dans des visions frontales sans relief, tout comme le récit et les différents tours de piste qu'il effectue sans jamais nous accrocher ou nous surprendre. Pedro Almodovar a composé un scénario à tiroirs dont chaque ouverture de tiroir tombe à plat, par ce qu'on voit trop l'auteur et les fils de ses marionnettes. Cela veut être drôle parfois, et c'est à peine une esquisse de sourire qu'on nous soutire, cela veut être mélodramatique à d'autres moments, mais on voit tout de suite le côté apprêté des situations. A trop vouloir clamer son amour du cinéma - avec moult citations un brin balourdes (Peeping Tom, Blow up, Voyage en Italie, Audrey Hepburn/Sabrina, Marilyn Monroe...)- Pedro Almodovar perd son agilité et devient démonstratif, le plus souvent j'ai eu le sentiment d'assister à du théâtre filmé.