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Symphonies de Mahler par Leonard Bernstein : "too much" ?

Publié le 24 septembre 2007 par Philippe Delaide

Je prends le risque de provoquer un mouvement d'indignation des lecteurs du blog : je n'arrive pas à me faire à la direction d'orchestre de Leonard Bernstein. Il est unanimement admis par la critique que ce dernier a apporté une contribution majeure aux interprétations des symphonies de Mahler. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'un grand chef mahlérien comme un Bruno Walter ou un Rafael Kubelik par exemple, mais tout de même, nombre de mélomanes encensent cet homme.

Il est indéniable que l'humanisme, l'énergie phénoménale, l'enthousiasme communicatif de ce chef en font un personnage unique et attachant. Toutefois je n'ai pas pu supporter l'écoute, dans une réédition récente, des symphonies N°5, 6 et 7. Je trouve que les traits sont forcés et les envolées de l'orchestre exagérées. L'orchestre Philharmonique de Vienne devient méconnaissable avec des cuivres rutilants et des phrasés appuyés.

Bernstein_mahler
Je n'ai pu achever l'écoute d'aucune de ces trois symphonies. Je suis sincèrement désolé mais je trouve en général que le maestro en faisait vraiment de trop. Une petite étiquette accolée au coffret reprend une phrase de la revue britannique Gramophone "You may conclude that these are performances of improper incandescence and unseemly fervour...." (Vous pourriez conclure que ces interprétations sont d'une incandescence inappropriée et d'une ferveur inconvenante). En effet ! Plutôt que la sonorité pleine et généreuse de Léonard Bernstein, je préfère infiniment les interprétations récentes de Claudio Abbado, sur le fil du rasoir, avec leur exploitation phénoménale des silences et des points de suspension.

Seule exception qui contraste fortement et qui interpelle par sa beauté singulière : l'interprétation par le même chef des Kindertotenlieder, avec l'excellent Thomas Hampson, particulièrement inspiré et bouleversant. Ce baryton exceptionnel (l'un de mes préférés) interprète ces lieders de façon vibrante et très équilibrée. Cette version est digne du grand Fischer-Dieskau, tant au niveau de l'intonation que du phrasé. Leonard Bernstein apporte un soutien attentionné avec un lyrisme qui contribue pleinement à l'intensité dramatique de ces pièces. Je trouve que le second magnifique lied "Nun seh' ich wohl, warum so dunkle Flammen" est le plus poignant.

Pour les inconditionnnels, Deutsche Grammophon a également édité deux autres coffrets (I et III). Les trois coffrets permettent ainsi d'obtenir en principe l'intégrale des symphonies et des lieders.

Lien direct vers les tracklists sur le site Deutsche Grammophon : Volume I, Volume II, Volume III.


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