Magazine Culture

Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine

Publié le 12 juin 2009 par Bentlyno

Quand on pense Ozone Magazine, on pense Julia Beverly. La fondatrice du média dirty south (qui pèserait 1.5 million $ selon Business Week) n’a de cesse depuis 2002 d’étendre l’influence de son mensuel. De simple revue locale, Ozone Magazine est devenu en moins de 10 ans, une référence. A présent distribuée sur l’ensemble du vaste territoire états-unien, la petite entreprise de presse d’Orlando (Floride) ne s’adresse plus uniquement aux seuls fans de 8.0.8. Rhymes est allé à la rencontre de « JB » dans ses locaux d’Atlanta, afin de lui soutirer quelques formules secrètes, à l’heure où, crise aidant, nombre de publications mettent la clé sous le paillasson. Interview.
julia-beverly21

Rhymes Magazine : Comment as-tu eu l’idée de mettre sur pied Ozone Magazine ?

Julia Beverly : J’ai commencé en tant que photo-graphiste amateur. J’avais des tonnes d’images sous la main, et j’ai fait le tour des rédactions d’Orlando afin de proposer mes services. C’est en travaillant régulièrement avec des médias locaux que j’ai pu en savoir un peu plus sur le monde de la presse et de l’édition. Durant cette période, j’ai beaucoup appris sur l’importance du visuel. Au gré de mes déplacements, j’ai constaté que la plupart des artistes du sud des Etats-Unis ne bénéficiaient pas d’une couverture médiatique digne du nom, car trop snobés par les magazines hip hop new-yorkais.

Rhymes: Est-ce purement par passion, ou plutôt parce que tu t’es rendu compte qu’il y avait un gros marché « dirty south » à conquérir ?

Julia Beverly : Avant tout, c’est par passion pour la musique et la photo. Le fait de voir les médias de la côte Est faire semblant d’ignorer ce qui se passait dans le sud a été une motivation supplémentaire. La majorité des gros fanzines hip hop étant à l’Est, il nous fallait agir, car ils étaient tous cloîtrés dans leurs bureaux à New York. Petit à petit, Ozone s’est imposé comme une plate-forme pour nombre d’artistes laissés pour compte. D’ailleurs, la version West Coast (Ozone West) du magazine a du succès pour les mêmes raisons. Les rappeurs californiens n’ont toujours pas l’exposition qu’ils méritent.

julia-beverly-lil-wayne

Rhymes: Aujourd’hui, quelle place occupe ton magazine dans le paysage médiatique hip hop aux Etats-Unis ?

Julia Beverly : Nous venons de très loin, si l’on considère les conditions dans lesquelles nous avons lancé ce magazine. L’objectif a toujours été d’essayer de donner aux artistes indépendants la possibilité de se faire entendre. Il faut savoir que Ozone a été l’un des 1ers média à suivre des artistes tels que Young Jeezy, Pitbull, David Banner, ou Lil Jon, alors que personne ne souhaitait leur donner l’occasion de s’exprimer. Dans le lot de rappeurs sur lesquels nous mettons l’accent, nous sommes persuadé qu’il se trouve une ou plusieurs vedettes de demain. Les rappeurs qui n’ont pas d’exposition, mais qui suscitent un engouement dans leurs localités nous intéressent particulièrement. A chacune de nos sorties en kiosque, nous essayons de trouver un juste milieu entre underground et mainstream.

Rhymes: En ces temps de crise, comment ton magazine parvient-il à se maintenir alors que d’autres mettent la clé sous la porte ?

Julia Beverly : Ce qui fait couler les magazines ce sont les dépenses faramineuses. Quand tu gères un business, tu ne peux pas te permettre de le laisser entrer dans le rouge. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle nous travaillons en équipe réduite. Je préfère, dans la mesure du possible, aller prendre des photos ou faire des interviews moi-même, plutôt que payer une tierce personne. Il faut aussi savoir diversifier ses activités. Chez Ozone, nous cherchons sans cesse de nouvelles sources de financement. Site internet, publicités, évènementiel (avec les Ozone Awards, les Ozone Party, ou encore Agency 12). Le public s’est familiarisé à notre marque, alors il nous est plus facile de faire rentrer des fonds. Un autre exemple : l’un des 4X4 qui nous permet d’aller sur le terrain a été financé par Crunk Energy Drink (Crunk Juice). Procéder de la sorte nous permet de réduire considérablement les dépenses. Il arrive également que des artistes fassent appel à nos services, afin d’avoir de la promo sur nos pages. Il faut savoir faire preuve d’ingéniosité et garder l’esprit de débrouillardise des débuts pour continuer d’exister.

julia-beverly-david-banner-urb-mag

Rhymes: Ozone Magazine est né à Orlando, mais vos locaux actuels se trouvent à Atlanta. Pourquoi ce déménagement en Georgie ?

Julia Beverly : Atlanta est devenu depuis quelques années un centre d’activité important dans l’industrie musicale. A force d’y venir nous avons décidé d’y installer nos bureaux. L’endroit où nous nous trouvons actuellement est entouré de studios (NDLR : Polow da Don, Big Boi, Ludacris, T.I, Young Jeezy enregistrent dans les parages). C’est beaucoup plus pratique pour entrer en contact avec les artistes. Il ne faut pas oublier aussi que ATL est une ville plus grande que Orlando en terme d’opportunités, d’argent et d’énergie. Cela dit, nous avons conservé une antenne à O-Town, car nous aimons toujours autant la Floride. D’ailleurs, nous continuons de couvrir l’actu de Miami, Tallahassee, Jacksonville, Tampa…

Ozone Mag Banner

Rhymes: Tu mentionnais plus haut les « Ozones Awards », que tu organises tous les ans en partenariat avec Tj Chapman. Peux tu nous en expliquer la raison d’être ?

J.B : Les « Ozones Awards » existent depuis 3 ans. L’idée est de fédérer l’ensemble du mouvement dirty south autour d’une manifestation d’envergure. C’est en quelque sorte notre version des Grammy Awards. Durant 4 jours, nous organisons des conférences, des rencontres, où Dj, artistes indépendants ou signés, managers, producteurs, promoteurs ont l’occasion de se rencontrer et d’échanger. Le volet remise de trophées vient clôture les festivités. UGK, Trick Daddy, Big Boi, Lil Wayne, T.I, Ludacris, Jeezy, T-Pain, Dj Khaled, Flo-Rida, Lil Boosie, Webbie, Gucci Mane, 8Ball & MJG, Three 6 Mafia, Paul Wall, Trae, Mike Jones, Dj Drama, Rick Ross, Chamillionaire, Plies…et plein d’autres têtes d’affiches y participent tous les ans. L’an dernier la cérémonie a eu lieu à Houston.

Rhymes: Comment vois-tu l’avenir du dirty south et de la scène sudiste ?

J.B : Je ne pense pas que l’hégémonie va durer indéfiniment, même si la grande diversité du dirty south laisse présager encore de beaux jours. Il faut savoir que chaque région du sud a sa sonorité. En Georgie, ils aiment un certain type de musique, idem pour le Texas, la Floride, le Tennessee, l’Alabama, la Louisiane, ou le Mississippi. Le fait que le hip hop se présente sous différentes formes le rend plus compétitif et attractif. Je pense de plus en plus que les artistes du sud ont intérêt à diversifier davantage leurs thématiques. Parler tout le temps de fumette, de jantes de voiture, de stripclub, et de boîtes de nuit, ça va un moment. Ils devraient écouter plus de Outkast et de UGK.

Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine

Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine

Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine
Julia Beverly, la « Boss Lady » de Ozone Magazine


Propos recueillis par Akeem Kossoko
(Photos: Ozone Magazine, Urb Mag, A.K)

«»


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bentlyno 662 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines